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qui ne peuvent ajouter à leur scolarité primaire qu’un nombre réduit d’années studieuses, des écoles primaires supérieures ; on en a même installé dans les locaux des collèges, pour ne pas contrarier les courants créés autour de quelques vieilles maisons. Pour la véritable clientèle secondaire la division en cycles crée une coupure inutile. Une quantité infinitésimale d’élèves descend du train en marche, à l’arrêt marqué par la fin du premier cycle. Je sais bien que, dans la pensée des réforma-teurs de 1902, à côté du second cycle que nous connaissons, devait exister un cycle d’études pratiques adaptées à chaque région. Encore un choix à faire, si le projet avait été réalisé. Mais ce projet, jamais précisé d’ailleurs, partait de cette hypothèse qu’un enseignement pratique pouvait se superposer sur une culture qui ne l’est pas, et dans le même établissement. C’est un fait que, dans l’enseignement d’État, de pareilles tentatives n’ont jamais réussi. Pour les élèves qui parcourent les deux cycles existants, la coupure n’est pas seulement inutile, elle est nuisible. La nécessité de faire du premier cycle un ensemble cohérent et, dans une certaine mesure, complet, oblige le second cycle à des redites tant bien que mal dissimulées. Elle introduit dans le premier cycle des matières qui ne sont pas faites pour lui, comme la morale des classes de quatrième et de troisième qui, sans doute, donne à quelques maîtres d’élite l’occasion de réussites pédagogiques, mais qui ne sert le plus souvent qu’à déflorer des questions qui ont leur place dans la classe de philosophie.

Des cycles passons aux sections. L’enseignement secondaire est par essence un enseignement général. Le particulariser a donc été le fausser. Il appartient en outre aux pédagogues d’en ordonner les éléments ; et il est trop commode de remettre aux parents et aux enfants le soin de résoudre une difficulté que c’est notre fonction à nous de résoudre, parce qu’elle nous embarrasse. Quel ne sera pas alors l’embarras des parents et des enfants eux-mêmes ? On tirera les sections à la loterie. On prendra aussi l’habitude de revenir sur un choix fait et de changer de section, comme on rend dans les grands magasins l’achat qui a cessé de plaire. À moins que, peu à peu, un classement ne s’établisse entre ces sections, et qu’une vaste expérience pédagogique ne s’institue, dont nous ferons notre profit, mais dont vingt générations d’enfants ont fait les frais. Dans la pratique