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propres études, et on eût fait l’économie d’une réforme, qui ne s’annonce pas facile. On regretta l’absence d’autres combinaisons, mais on recula toujours devant des divisions nouvelles qui accuseraient la dislocation de l’enseignement secondaire. Tout le monde connaît maintenant le système avec lequel le public mit quelque temps à se familiariser. L’enseignement secondaire est divisé en deux cycles, le premier allant jusqu’à la troisième inclusivement. À l’entrée du premier cycle, on a le choix, c’est le premier, entre l’enseignement avec latin, et l’enseignement sans latin : A et B. Après la troisième, second choix : la section A du premier cycle se subdivise elle-même en trois : latin-grec, latin-langues vivantes, latin-sciences : A, B, C. La section B du premier cycle mène tout droit à la section D du second cycle. Après la première partie du baccalauréat dont les divisions sont conformes à celles des sections du second cycle, il y a une simplification, et on n’a plus le choix qu’entre la classe de mathématiques et celle de philosophie. En outre, ce troisième choix est le plus souvent dicté par les études antérieures.

Nos enfants vivent sous ce régime depuis bientôt vingt ans. C’est la durée moyenne d’un régime pédagogique. Le besoin d’un changement se fait justement sentir quand ce régime arrive à l’âge adulte. Il s’était même fait sentir un peu plus tôt cette fois, puisque la commission d’enseignement de la Chambre avait décidé d’ouvrir une enquête dès 1913. Naturellement, ce désir de changement se colore de raisons. Cette fois encore, il semble bien que les raisons soient fortes.

Parlons des cycles d’abord. Ils n’ont plus de partisans. Ils répondaient à un besoin qui n’existe plus ; et, comme toujours, on a, en les établissant, ignoré ce qui se passait à côté de l’enseignement secondaire, dans l’enseignement primaire. On voyait, il y a un quart de siècle, dans les régions traditionalistes de Bretagne en particu-lier, des fils d’agriculteurs venir prendre au collège une légère teinture de latin, pour s’en retourner à la terre vers quatorze ans. Il parait que cela ne leur réussissait pas mal, et leur valait, dans leurs villages, une grande considération. Pour cette clientèle, il était honnête en effet d’aménager l’enseignement de façon à ce que, en s’en allant, elle emportât autre chose que des cours interrompus et des moitiés de tout. Mais il existe maintenant, à l’usage de ces élèves