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LES CYCLES ET LES SECTIONS — LE RETOUR A L’UNITÉ

On voulut inaugurer le siècle par une grande réforme. Une commission extraparlementaire fut nommée que présida M. Ribot. Cette commission entendit des dépositions remarquables. Cela ne simplifiait pas sa tâche. Car elle était tiraillée entre des doctrines diverses dont nous venons de voir les plus récentes, tiraillée aussi entre des programmes déjà consacrés, anciens ou nouveaux. Car, si nous avons parlé ailleurs de la vie des programmes, leur caractéristique biologique est la difficulté qu’ils éprouvent à mourir. Les maitres qui les ont pratiqués, les élèves mêmes qui les ont subis en deviennent les défenseurs. Il est humain d’imposer aux autres le chemin, fùt-il dur, par lequel on a passé soi-même. De sorte qu’on ne sacrifie rien. Mais comme, en même temps, on innove, les programmes deviennent des collections où le présent coudoie le passé. Nous préparons ainsi à la jeunesse, la comparaison a été faite, une habitation qui ressemble moins à quelque chose d’agencé à son intention, où elle ait ses aises, et où son goût se forme, qu’à un de ces appartements encombrés par les apports de générations successives. Il arrive cependant un moment où l’encombrement est tel qu’il faut faire un choix. On était à l’un de ces moments, qui coïncidait avec l’une des campagnes périodiques contre le surmenage.

Le problème fut élégamment résolu. On mit tout ce qui causait ce redoutable embarras du choix en plusieurs tas, et on dit à la jeunesse de choisir elle-même. Une extrême ingéniosité présida à la répartition. Les pièces jugées essentielles se retrouvent partout, et les autres se font presque équilibre, pas tout à fait cependant. L’enseignement moderne se trouve incorporé dans le système et conquiert ainsi l’égalité rêvée des sanctions. Les vieux baccalauréats ès-lettres et ès-sciences pouvaient se reconnaître au point terminus des études. Les langues vivantes obtenaient une part de lion : la moitié des élèves de nos lycées avait à apprendre deux langues, l’une fondamentale, l’autre complémentaire. Mais, comme on ne voulut pas compliquer à l’excès, moins heureux, l’enseignement classique français n’eut pas de place qui fût vraiment à lui. S’il l’avait eue, les jeunes filles eussent pu préparer un baccalauréat dans le cadre de leurs