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tâche et la responsabilité de ces maîtres. En réalité, c’est le XIXe siècle seulement qui sera le siècle de l’histoire ; cela peut s’entendre en deux sens, le second étant la conséquence du premier : il sera le siècle de l’histoire comme science, et par suite le siècle de l’histoire comme objet d’étude dans nos lycées et collèges. La géographie attendra plus tard encore ; son tour viendra après 1870. « Ainsi, dit encore M. Gréard, que nous ne nous lassons pas de citer, chaque siècle introduit dans son régime d’éducation le résultat de ses découvertes et de ses travaux, la préoccupation de ses intérêts et de ses besoins. »

A peu près parallèles à ceux de l’histoire furent les débuts des langues vivantes. C’est de l’italien et de l’espagnol qu’il s’agit au XVIIe siècle. Les maîtres de Port-Royal avaient, à l’intention de leurs meilleurs élèves, composé des méthodes pour l’enseignement de ces deux langues. Racine sortit de leurs mains en les possédant. Elles trouvaient place également dans un programme d’enseignement très libéral, inspiré par Richelieu et rédigé pour la ville qui devait porter son nom. La Bruyère enfin estimait « qu’on ne pouvait charger l’enfance de trop de langues. » Mais les langues vi-vantes resteront longtemps chez nous des accessoires. Elles n’apparaîtront que tout récemment comme des concurrentes dangereuses du latin, et des candidates aux premiers rôles.

Les sciences elles-mêmes avaient été dépendantes du latin. Leur émancipation, condition des progrès à venir, fut un fait accompli, lorsque furent substitués les Nouveaux éléments de géométrie d’Arnauld, éléments déduits en français, au Recueil latin des théorèmes d’Euclide. Mais, là aus-si, les progrès furent lents. Les sciences restent comme un département de la philoso-phie, selon la conception antique, celle de Platon et d’Aristote. Quelque chose de cette conception survit dans le plan d’études qui concentre dans la classe de philosophie tout l’enseignement de la physique et de la chimie. A la fin du XVIIIe siècle, on en est encore au démonstrateur ambulant qui circule dans les collèges et fait, devant les élèves, quelques expériences sur le vide, les met en face de phénomènes électriques ou magnétiques et les fait enfin re-garder dans un microscope. Cependant un professeur de sciences spécial apparaît dans quelques collèges, au collège Mazarin et au collège de Navarre en particulier. Pour toute discipline, l’apparition du professeur spécial est