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Jésuites qui imaginèrent de le mettre sur le même pied que le latin. Ils curent, il est vrai, des imitateurs et des successeurs. Cependant, l’Université impériale couvre de fleurs « cette belle langue, » sans la rendre obligatoire. C’est la résurrection de la Grèce, au XIXe siècle, qui donna un regain de vitalité au grec scolaire, au même moment où le romantisme déterminait une certaine vogue des langues vivantes. L’histoire politique et l’histoire littéraire ont ainsi leur contre-coup dans l’histoire pédagogique. Peu importent d’ailleurs les leçons que l’on pourrait tirer de ces interrup-tions de la tradition. Le grec, à l’heure présente, n’est pas enseigné au quart des élèves de nos lycées ; il s’en faut même de beaucoup. Il n’est donc plus un élément fixe de l’enseignement secondaire. Il faudrait rétablir des positions qui n’existent plus. Ne multiplions pas les difficultés. Le grec doit garder ses autels, nous dirons comment. Mais il ne sera plus, il n’est plus déjà l’objet d’un culte commun. Nous savons quels regrets on peut formuler, et que rien ne rendra à nos élèves cette impression exquise de la jeunesse de l’humanité et de la beauté naissante. — Mais c’est le latin qu’il faut protéger maintenant contre l’éventualité de pareils regrets.


HISTOIRE DES PROGRAMMES

Ce n’est pas en vertu d’un choix délibéré, et pour des raisons qui cependant ne man-quent pas, que le latin s’est établi dans nos programmes. Nous l’avons reçu d’une longue tradition. On l’a d’abord enseigné par habitude ; on s’est ensuite demandé quelles raisons on avait de l’enseigner. La théorie est venue après coup justifier une pratique déjà vieille. Il en est ainsi de beaucoup d’institutions ; on pourrait même dire que, quand la théorie apparaît, elle est le premier symptôme d’un doute et d’une crise. Elle sollicite la discussion et substitue un problème à un article de foi. On ne soutient que ce qui est ébranlé ; on ne démontre que ce qui n’est plus évident.

Dans une de ces études des programmes du passé, par lesquelles M. Gréard a l’habitude de préluder à l’étude des questions aujourd’hui pendantes, et qui les éclairent en effet d’une lumière vive, nous trouvons comme l’historique de ce passage lent de la suprématie incontestée du latin au partage que d’autres disciplines lui ont successivement imposé, puis à la