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Les pylônes et les arches,
Tout, jusqu’au sol où tu marches,
N’est qu’apparence, tu peux
Douter si tu dors ou veilles.
A chaque pas, des merveilles,
Des péristyles pompeux !




Quand tous les monuments sont d’énormes éponges,
Des algues, des coraux,
Tu peux bien briser tes barreaux,
Pauvre cœur, et croire à tes songes.

Quand le granit se mue en un flocon léger,
Le destin le plus dur peut bien paraître tendre.
Passant, sous ton scaphandre,
Continue à plonger,
Continue à descendre.

Si tes jours sont des combats,
Evade-toi par en bas,
Explore en toi des prairies
Plus vertes que le vert gazon,
Car la perle est au fond des longues rêveries,
Et pour qui sait rêver il n’est point de prison.




L’enfer te ressaisit dans l’autobus qui gronde.
Des lueurs frappent des lorgnons,
Les épingles de strass brillent dans les chignons.
Toi qui voulais t’enfuir, te voilà dans la ronde.
Qu’ils sont pâles, tes compagnons !

Tous ont reçu du sort une si grave injure
Qu’ils trouvent quelque joie à s’en enorgueillir.
Tiendront-ils longtemps la gageure
D’être assis la sans défaillir ?

Et le roulis penche leurs nuques
Toutes ensemble d’un côté.
Glissez, fronts chauves et perruques,
Poil grison et jeune beauté !