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Tout le jour, dans la basse-cour, dans l’étable, à regarder les bêtes, à écouter les gens, il recueille, sans les chercher, mille traits de nature et de vérité. Au crépuscule, le son des cloches de Chierry monte du fond de la vallée et annonce qu’il est temps de reprendre le chemin de Chaûry.

En traversant le bois Pierre, La Fontaine croise un bûcheron qui lentement gravit la pente de la colline.


Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot, aussi bien que des ans,
Gémissant et courbé, marchoit à pas pesants,
Et tâchoit de gagner sa chaumine enfumée [1].


Et notre promeneur se hâte vers la ville, avant que le couvre-feu ne sonne et que le pont-levis ne soit relevé.

Les plus beaux vers de La Fontaine ont germé dans la terre champenoise. La moisson sera tardive ; mais déjà les sillons sont creusés. C’est l’heure des semailles.


Voyez-vous cette main qui dans les airs chemine ? [2]


André Hallays.

  1. La Mort et le Bûcheron.
  2. L’Hirondelle et les pe-tits oiseaux.