- Monsieur le recteur,
- Monsieur le doyen,
- Mesdames et Messieurs,
Quand un homme de mon âge a vu l’Alsace faire retour à la patrie française, les trois couleurs flotter à la flèche de la cathédrale, les soldats de la France défiler dans Strasbourg au milieu des chants et des danses d’un peuple ivre de joie et de liberté ; quand il lui a été donné de flâner dans les rues de Strasbourg et de Colmar, de se promener sous les hêtres de Sainte-Odile, de contempler du haut des Vosges la plaine du Rhin, en se disant à chaque pas : « Je suis chez moi ; » quand sur cette terre que les Germains ont si longtemps foulée, il a vu refleurir la pensée française et assisté à la magnifique résurrection de votre Université, il semble qu’il n’ait plus rien à attendre de la destinée. Que de fois me suis-je répété le Nunc dimittis !
J’avais tort. Une joie m’était encore réservée, celle de prendre la parole ici, dans l’Université française de Strasbourg
Depuis longtemps j’avais rêvé de faire un cours libre à l’Université. Durant la guerre, avec un ami très cher, dont je dois évoquer ici la mémoire, — c’est lui qui jadis, en me révélant l’Alsace, me fit mieux comprendre que sans elle la France ne devait pas, ne pouvait pas vivre, — j’avais souvent causé du lendemain de la victoire. Nous pensions, tous deux, qu’un des premiers soucis de la France serait de restaurer l’Université de