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La Dauphine de M. François Porché est une pièce originale et charmante : tout y est jeunesse, naïveté et fraîcheur. Autour d’une petite dauphine de dix ans et de ses compagnons d’âge, courent les intrigues, les révolutions, les trahisons et autres passe-temps à l’usage des grandes personnes. Ce contraste entre les jeux de l’enfance et ceux de l’âge mûr est toute la pièce.

C’est dans un royaume imaginaire, qui rappelle l’Ecosse, à l’époque où il vous plaira. La Dauphine et sa grand’mère, la Comtesse, ont été exilées dans le château de Roselyn. La Dauphine rêve de courir les bois et de s’asseoir sur l’herbe mouillée. Elle voudrait être une petite fille, au lieu d’une petite princesse. Mais l’étiquette veille. Imaginez une réduction de l’acte de la Reine dans Ruy Blas. Tandis que la Dauphine pense kermesse et divertissements champêtres, la Comtesse surveille les derniers préparatifs d’une conjuration près d’éclater. Elle donne ses instructions et pré-pare ses appels au peuple. Elle a rédigé vingt-sept articles, pour faire honte au Président Wilson qui n’avait, lui, que quatorze points. Les seigneurs qui détestent le Roi, brûlent de le déposer : ce sera une révolution de palais. Oui, mais ils comptent sans les soviets. Ils jettent le Roi en prison, mais les soviets s’emparent du pouvoir. Il faut sauver la Dauphine. Un seul moyen : se réfugier dans les hautes terres. Départ précipité. Malgré les cris de la petite Dauphine qui ne veut pas partir et demande à voir la fin de la kermesse, le plus déterminé de ses partisans, le marquis O’Donnell, la charge sur ses bras vigoureux et l’emporte.

Les deux femmes ont trouvé asile à Falkirk, dans la montagne et le brouillard, chez le fidèle Ruthwen. Il y a là deux enfants, Donald et Isobel, à qui on présente la Comtesse comme leur tante et la Dauphine comme leur cousine. Les enfants vivent et jouent ensemble : Isobel prend sa prétendue cousine en grippe, et Donald en devient amoureux. A cet amour dans une âme d’adolescent, l’auteur a conservé toute sa pureté et son innocence.


Une nuit, tout est calme et la maison est close.
Je m’endors, brusquement on frappe à nos volets.
Père, en allant ouvrir, arme ses pistolets.
J’entends qu’on parlemente et bientôt qu’on attelle.
Je me rendors et lorsqu’au matin je descends,
Que vois-je près de l’âtre ? Un bonnet de dentelle,
Des cheveux blonds éblouissants.
Tu venais d’arriver pâle et toute transie.
Un tintement de cloche au loin flottait dans l’air.