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Tout cet ensemble de conceptions et de découvertes expérimentales, où les idées et les faits restent étroitement imbriqués et où une pensée profonde et simple sert de fil d’Ariane dans le labyrinthe des phénomènes, tout cela constitue dès maintenant une œuvre puissamment originale qui marque déjà et qui marquera demain plus encore dans l’histoire de la médecine. Elle est loin d’être achevée, cette œuvre, mais déjà elle se dresse à une belle hauteur dans la production scientifique contemporaine.

De toutes les conceptions, de toutes les ingénieuses recherches qui la constituent, je n’ai pu donner ici qu’une idée superficielle et incomplète. Rebuté par les difficultés que présentait l’étude des mathématiques, le roi Ptolémée Philadelphe demandait jadis au géomètre Euclide s’il n’existait pas quelque Route Royale qui conduisît d’un trait au but. Je crains bien, dans l’exposé succinct que voici de ces beaux travaux, d’avoir passé moi aussi à côté de la Route Royale. Obligé de glisser sur mille détails où s’accrochent ceux que Claude Bernard appelait les « rats de laboratoire, » mes lecteurs me pardonneront si je n’ai pu ici projeter sur une œuvre suggestive et puissante que le rayon furtif et léger d’un faible projecteur.

Il me suffira d’avoir fait sentir que, grâce au professeur Fernand Widal et à ceux qui l’assistent, nous connaissons et dominons mieux aujourd’hui ce fleuve sanguin qui porte sur ses flots pourpres l’esquif léger de la vie humaine.


CHARLES NORDMANN.