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semble qu’ici les « prédispositions » du sujet, ses susceptibilités, son « terrain » plus ou moins fragile aux divers points de l’organisme interviennent. Ainsi le choc anaphylactique alimentaire se traduira chez l’un par de l’urticaire, chez l’autre par une crise d’épilepsie, etc. Parla encore le problème, sur lequel nous jetons aujourd’hui un regard, hélas ! trop superficiel, rejoint le vieux problème des idiosyncrasies qui, depuis Hippocrate… et peut-être depuis plus longtemps, s’est imposé à l’attention des médecins.

Savoir, c’est pouvoir, et c’est pourquoi la reconnaissance des signes des maladies est la base et généralement la condition de leur guérison. « Felix qui potuit rerum cognoscere causas » est encore plus utilement vrai en médecine qu’ailleurs, et même en politique.

Laënnec, lorsqu’il a créé l’auscultation et permis de reconnaître les signes de tant de maladies, et notamment de la tuberculose, a fait plus pour leur guérison que tous ceux qui sont venus après lui. À cet égard, la méthode nouvelle introduite en clinique par l’étude de la crise hémoclasique est pareillement riche d’avenir.

Dès qu’elles ont vu le jour, ces recherches ont naturellement conduit à essayer pour le traitement de certaines maladies les méthodes qui en déri-vaient logiquement. De la clinique à la thérapeutique il n’y a qu’un isthme bref et qui est bientôt franchi.

Les premières des conquêtes thérapeutiques qu’on peut rattacher intimement à tout ce qui vient d’être exposé consistent dans les procédés employés pour éviter et combattre les troubles de l’anaphylaxie. On sait que le premier pas dans cette voie a été fait par Beredska. Ce savant a le mérite d’avoir montré dès 4907 que, pour empêcher le choc anaphylactique de se produire chez un animal sensibilisé, il suffit, très peu de temps avant l’injection de la substance déchaînante, de lui administrer une dose minime de cette substance. Cette méthode a été généralisée et appliquée non seulement à l’anaphylaxie sérique (consécutive aux injections de sérum), mais aussi à l’anaphylaxie alimentaire. On a d’ailleurs constaté que dans beaucoup de cas il n’est pas nécessaire que la substance préservatrice, ingérée à petite dose, soit celle-là même de l’injection primitive. Parfois en effet une substance hétérogène très différente a produit le même effet. C’est ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, que MM. Pagniez et Pasteur-Vallery-Radot ont réussi à empêcher des phénomènes d’anaphylaxie alimentaire très, tenaces en faisant absorber au sujet, une heure avant le repas dangereux, une petite quantité de peptone.

Ces faits viennent à l’appui de notre conclusion antérieure, à savoir :