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l’accidentel, y ont leur part. Mais les circonstances ne sont jamais déterminantes : le terme « impossible » n’est pas un terme français ; là où d’autres volontés, moins fortes, trouvent un mur d’airain devant lequel elles s’arrêtent ou se brisent, le Français ne voit qu’un obstacle qu’il lui faut surmonter : en sorte que, bien loin de l’asservir, ces conditions, qu’il n’a pas faites et qui s’imposent à lui, l’exaltent et le libèrent ; le hasard, ou la chance, collabore avec sa volonté. Le hasard, disait justement Cournot, est-il autre chose que la causalité divine ? Or, précisément, l’action divine est une action qui nous sollicite sans nous contraindre ; et la raison divine connaît mieux que nous notre bien. C’est pourquoi les peuples qui se soumettent à cette loi supérieure, et qui demeurent fidèles à la mission qu’elle leur confère, apparaissent, tout au long de leur histoire, comme des peuples prédestinés : toutes choses tournent finalement à leur bien. Le peuple français est de ceux-là. Chez nul autre le miracle n’est venu aussi souvent ni aussi visiblement déclencher ou parfaire l’œuvre de la volonté. « Va, fille Dieu, va, » disent à Jeanne ses voix. Et Jeanne va ; elle obéit, elle bataille, elle prie : et le ciel répond. Et dans le sacrifice qui marque l’effondrement de sa destinée terrestre, en même temps que la consécration de son message, elle peut dire en toute vérité : « Mes voix ne m’ont pas trompée. »


Les voix mystérieuses qu’entendait la Pucelle n’ont cessé, à travers les siècles, d’inspirer le peuple de France et de guider son action dans le monde. Servir, tel a été le mot d’ordre auquel ont obéi tous ces hommes. Des plus lointaines origines jusqu’à la grande guerre, tous ont eu, à quelque degré ou, en quelque manière, cette idée qu’on discerne déjà dans la geste du Roi, parmi les compagnons de Charlemagne, et parmi les croisés : l’idée d’une « mission confiée à la France par Dieu » (J. Bédier).

Elle apparaît dès l’aube de notre histoire, et c’est là un des points que M. Imbart de la Tour a mis excellemment en lumière : « Le corps de la France n’est point né qu’elle a son âme... Elle est alors ce qu’elle sera plus tard, et, malgré les différences des noms ou des temps, les secousses, les changements, les mutilations, elle gardera la conscience d’être une personne, un être qui se continue. Cette unité psychologique est le germe