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prince de Conti, la célèbre héroïne de la Fronde. De Louise de Bourbon, était issue Marie d’Orléans-Longueville, mariée à Henri de Savoie, duc de Nemours ; d’Anne-Geneviève de Bourbon, deux fils, l’aîné entré dans les ordres et appelé l’abbé d’Orléans, le second, comte de Saint-Pol, puis duc de Longueville, qui fut tué au passage du Rhin. L’abbé d’Orléans, dernier survivant mâle de sa maison, était mort le 4 février 1694. Dès 1668, il avait institué pour héritiers son frère, ensuite les enfants de celui-ci, enfin sa mère la duchesse de Longueville en la priant de transmettre l’héritage à ses cousins germains les princes de Conti.

Par la mort sans alliance du duc de Longueville en 1672, par la mort de la duchesse de Longueville en 1679 et celle de l’aîné des princes de Conti en 1685, François-Louis de Bourbon s’était trouvé le seul héritier de l’abbé d’Orléans. Mais la duchesse de Nemours n’avait pas voulu accepter un testament qui la lésait, elle demi-sœur du testateur, au profit d’un cousin germain de celui-ci Elle avait produit un testament plus récent, aux termes duquel tout l’héritage lui revenait. De plus, elle avait soutenu que le prince de Conti ne pouvait hériter, puisque la duchesse de Longueville, qui était priée de lui transmettre l’héritage, était morte sans l’avoir jamais recueilli.

Malheureusement, l’abbé d’Orléans avait perdu la raison. En 1671, une lettre de cachet l’avait enfermé dans une abbaye. Or le premier testament était du 1er octobre 1668, l’ordination sacerdotale du mois de décembre 1669, le second testament du 26 février 1671, la lettre de cachet du mois de septembre suivant, l’interdiction de mars 1672.

Le prince de Conti soutenait que le testateur était sain d’esprit, lorsqu’il avait pris des dispositions en sa faveur ; mais qu’il ne l’était plus lorsqu’il avait testé en faveur de Mme de Nemours. A ce moment, la folie, assurait-il, était déjà reconnue, et, un an plus tard, l’interdiction prononcée.

Il y avait, au Parlement de Paris, dix chambres : la grand’chambre, la tournelle civile et la tournelle criminelle, cinq chambres des enquêtes et deux des requêtes du Palais. Au lendemain de la mort de l’abbé d’Orléans, le prince de Conti s’était pourvu aux requêtes du Palais. Il avait demandé la permission de prouver ce qu’il avançait. Une sentence l’y avait autorisé. Mme de Nemours en avait appelé. La grand’chambre avait donc