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aux candidats une feuille sur laquelle est imprimée une histoire. Mais le texte comprend des blancs : c’est la place des conjonctions, place que les enfants doivent remplir. Nous faisions autrefois un exercice d’esprit analogue avant de commencer un thème grec ; nous cherchions la place d’enclitiques et de conjonctions nécessaires au grec la même où le français n’en met pas. Et, dans le thème grec, ce travail préalable opéré sur le texte français n’était pas ce qu’il y avait de moins utile. — L’épreuve des trois mots : avec trois mots donnés, le candidat doit composer autant de phrases différentes qu’il peut. De multiples épreuves de ce genre et un questionnaire abondant aboutissent à la constitution d’un « psychogramme ; » le mot a été inventé. Epreuves intéressantes en elles-mêmes, et qui n’ont d’ailleurs rien d’absolument nouveau, mais recherche d’une précision impossible, effort vain vers un type d’examen automatique. Cette documentation peut aider l’examinateur et lui servir de travail d’approche. Elle ne peut se substituer à lui. Un esprit seul peut juger un esprit. — D’ailleurs, l’idée même des écoles de surnormaux est des plus contestables : exaltation de la vanité chez les uns, et découragement semé chez les autres, sans parler des risques de maldonne et des déceptions qui s’ensuivent. Ces précoces écoles de caporaux ne nous disent rien qui vaille. — Mais cela se passe en Allemagne.

L’ « orientation professionnelle » est chose française, et c’est chose excellente, là où jusqu’ici on la pratique. Mais ce succès même doit nous mettre en garde contre des abus possibles de la méthode. En étudiant les aptitudes physiologiques des mutilés, et aussi leurs inaptitudes, au moyen d’instruments habilement combinés (plancher dynamométrique, varlope enregistreuse, lime idéographique, etc.), le professeur Amar, des Arts et Métiers, et d’autres, à son exemple, ont épargné à ces mutilés bien des écoles. Des chambres de métiers ont de même orienté des apprentis vers telle ou telle profession, d’après l’observation de leur nature physique, intellectuelle et morale. Les initiatives sont venues ici de Strasbourg et de Bordeaux. A l’Institut J.-J. Rousseau de Genève, il existe de même un cabinet d’orientation professionnelle, sorte de cabinet de consultation psycho-physiologique. Comprenez bien le service qu’on veut nous rendre. « La chose la plus importante à toute la vie, c’est le choix du métier, » a dit Pascal. Ce choix, au lieu d’être dicté par des préférences mal