raisons plus puissantes que tout esprit de système et le plus souvent mieux fondées. C’est que certains problèmes tiennent à un verbalisme abstrait. Et dans la pratique, heureusement, bien des contradictions se résolvent et s’harmonisent.
Revenons à des questions plus terre à terre, quoique entre elles et celles qui viennent de surgir devant nous il y ait un lien certain. Il y a de la morale et de la métaphysique partout, disait Leibniz. Il y en a encore plus dans tout ce qui touche à l’éducation. Nous venons de voir que la sélection artificiellement opérée des esprits se heurte à des complexités redoutables, non point dirimantes cependant. On doit tout au moins aider à naître cette élite dont des lois naturelles plus fortes que nous ralentissent peut-être, mais aussi protègent l’éclosion. Que faisons-nous jusqu’ici ? Nous donnons des bourses. Le régime des bourses est très attaqué. D’abord il y en a trop peu. Le crédit des bourses, jusqu’au budget de 1920 exclusivement, permettait d’entretenir cinq à six mille boursiers, guère plus de 5 à 6 pour 100 du nombre total des élèves. Ce crédit a été doublé l’an dernier, mais reste insuffisant. Dans de bonnes intentions, et pour faire participer un plus grand nombre d’élèves aux bienfaits de l’Etat, on a pris l’habitude de fragmenter les bourses. On se réserve de donner, en cours d’études, ce qu’on appelle des promotions de bourses aux plus méritants, si bien que ceux-ci arrivent à achever leur scolarité avec des bourses entières. Tout cela se justifie. On tient compte aussi des mérites et des services des parents, en même temps que de leur état de fortune et du nombre de leurs enfants. De sorte que la bourse semble faite pour ceux dont les parents ont déjà quelques ressources, ont déjà, par leurs propres forces, escaladé les premiers degrés de l’échelle sociale, et comme franchi la première étape. Aide-toi, l’État t’aidera, semble-t-on dire. Et tout cela se justifie encore. Et il est curieux que cette pratique se trouve d’accord, sans l’avoir cherché, avec la doctrine à laquelle le nom de M. Bourget est attaché.
Mais il est incontestable que les bourses deviennent ainsi inaccessibles pour beaucoup. Être candidat à une bourse, c’est être candidat à une dépense, et on demande aux parents l’engagement