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m’accuse d’avoir dit du mal. On proposait de lui substituer l’émulation avec soi-même, et l’on dessinait les courbes des progrès individuels. Il y a souvent ainsi, mêlés aux erreurs qu’on commet, de nobles principes et de généreuses illusions, parfois même une part de vérité utile. On se rappelle enfin la campagne contre le surmenage. L’éducation, pendant quelque temps, a banni l’effort, alors qu’elle est surtout un appel à l’effort. Heureusement que la théorie n’est pas toujours passée dans la pratique. Et voici qu’on rétablit, du moins en principe, le concours général. Ce petit fait de l’histoire pédagogique prend une importance de symbole. De menues réformes ont le même sens. La discipline, le travail, sont remis en honneur. On prêche moins l’indulgence aux examens. On désavoue une pédagogie de laisser-faire, qui est à la pédagogie la plus libérale ce que la démagogie est à la démocratie. On parle même d’une aristocratie de l’intelligence, la seule à laquelle on fasse grâce. Mais on fait mieux que lui faire grâce. On veut créer une élite par des procédés nouveaux, plus méthodiques, et on sollicite les candidatures. L’école unique est censée avoir mis tout le monde sur le même pied au départ. Mais la course continue.


LES « NOUVELLES COUCHES » SCOLAIRES

Qu’il faille s’efforcer de maintenir les chances égales, c’est la règle du jeu ; et c’est, dans notre régime démocratique, un article de foi. Donc il faut ouvrir largement les enseignements qui succèdent à l’école unique. Il faut reconnaître que les portes de l’enseignement secondaire restent trop étroites pour ceux qui ne payent pas leur place en entrant. Il y a, à l’heure présente, un enseignement payant, le secondaire, et un enseignement gratuit, le primaire ; donc, ajoute-t-on, un enseignement de riches et un enseignement de pauvres. Une statistique générale portant sur les professions des parents des collégiens et lycéens n’a pas été faite, à notre connaissance, quoiqu’on en ait tous les éléments. Une statistique limitée, dans une petite ville, a donné moins de 10 pour 100 de fils de travailleurs manuels. Cette proportion serait plus faible encore sans doute à Paris et dans les grandes villes. M. Gréard écrivait, en 1880, que les parents des élèves de l’enseignement secondaire, pour