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A une demi-heure avant d’atteindre les premières maisons de Moskow, nous nous trouvâmes sur une hauteur d’où nous pûmes voir la ville et les nombreux clochers tant de ses églises que ceux du Kremlin. Ces clochers ont la forme d’une colonne pyramidale octogone, et sont ornés à leur extrémité d’une espèce de poire dorée surmontée d’un croissant et d’une croix assujettie par des chaînettes. Nous aperçûmes une fumée noire qui s’élevait d’un point du centre de la cité ; c’était une maison qui brûlait, mais c’était le seul feu qu’on distinguât. Alors il pouvait être onze heures ou onze heures et demie. En moins d’une heure, nous nous trouvâmes dans la ville. Nous fûmes surpris de ne voir aucun habitant, excepté cependant quelques malheureux que nous vîmes çà et là. Toutes les maisons paraissaient désertes. On ne voyait que des soldats polonais ou français circulant dans les rues, et plus on approchait du Kremlin, plus leur nombre s’augmentait.

En tournant le coin d’une rue, nous rencontrâmes un Polonais de la garde, qui avait plusieurs bouteilles sous les bras et dans les mains. Il nous en offrit une que nous acceptâmes ; mais, comme nous n’avions rien pour la déboucher, nous la lui remîmes, pour qu’il en cassât le goulot sur une pierre. C’était du Champagne. Mes compagnons et moi, nous bûmes à la régalade. Nous trouvâmes ce vin fort bon. Nous continuâmes notre chemin vers le Kremlin, où nous entrâmes peu de temps après par la porte de l’Ouest. A quelque distance de la porte que nous venions de passer, nous vîmes trois ou quatre mamelucks qui étaient assis près d’un mur bordant le chemin à gauche : c’étaient des hommes démontés qui se reposaient. Nous ne tardâmes pas d’arriver sur une espèce de place que j’appellerai la cour de l’Ouest. Là, nous descendîmes de voiture et nous nous séparâmes ; chacun alla rejoindre les siens du service auquel il appartenait. En me rendant à l’endroit où était mon devoir, je jetai un coup d’œil sur ce qui m’environnait. Le palais est un composé de divers bâtiments tenant ensemble et d’une architecture différente. A gauche d’un grand bâtiment construit à l’orientale, est un vaste escalier qui aboutit à une cour intérieure dallée, se prolongeant à droite, au bout de laquelle était une issue qui communiquait à l’intérieur des appartements de l’Empereur. Là, dans une grande pièce, je trouvai les personnes du service auquel j’appartenais.