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SOUVENIRS
DE
SAINT-DENIS dit ALI
SECOND MAMELUCK DE L’EMPEREUR

I

Les historiens de Napoléon souhaitaient depuis longtemps la publication de ces précieux Souvenirs. Dans un article paru le jour même du Centenaire, M. G. Lenotre s’étonnait que ce beau document fût resté inédit. Nous sommes heureux, — et nous en remercions la famille de L.-E. Saint-Denis, — de pouvoir donner les parties essentielles d’un récit qui vaut par sa véracité absolue et par son émouvante simplicité.


I. ― LE SERVICE INTÉRIEUR

Dans le voyage de Hollande, Roustan ayant été malade, l’Empereur demanda au Grand-Ecuyer si, dans ses jeunes gens, il n’y en aurait pas un qui pût faire le service auquel était assujetti Roustan, c’est-à-dire suivre à cheval Sa Majesté, monter sur le siège de sa voiture, avoir soin de ses armes et savoir les charger, et faire l’office de valet de chambre à la toilette. Le duc de Vicence, après avoir répondu affirmativement, choisit Meunier et moi, et nous donna l’ordre d’aller chez M. Lepage pour apprendre à monter et démonter fusils et pistolets, à les nettoyer et à les charger. Nous passâmes l’un et l’autre une quinzaine de jours à faire l’apprentissage que l’on exigeait de nous, et ensuite on me fit aller seul chez M. Lerebours, opticien, pour que j’apprisse à démonter et à remonter les lunettes d’approche et à nettoyer les verres. Je fus bientôt au fait de ce petit travail. Il ne fallait qu’un second à Roustan et non pas deux. Le choix définitif étant tombé sur moi, le