Cornet, deux atlas sur lesquels Napoléon avait fait au crayon quelques tracés ou calculs, le volume in-folio des campagnes d’Italie, puis des reliques personnelles : un habit garni des épaulettes et de la plaque de la Légion d’honneur, une cocarde de chapeau, un morceau du cercueil de Sainte-Hélène et un fragment d’un des saules qui avaient poussé sur la tombe. « Mes filles, disait-il encore, devront toujours se rappeler que l’Empereur fut mon bienfaiteur et par conséquent le leur : la plus grande partie de ce que je possède, je le dois à ses bontés. »
Saint-Denis a laissé des Souvenirs manuscrits. A ce sujet, une légende a été accréditée par le docteur Fournies de la Siboutie.
J’ai été longtemps, dit-il dans les Souvenirs d’un médecin de Paris, le médecin de la famille Saint-Denis. Le père, mort il y a quelques années dans un âge très avancé (ceci a donc été écrit après i 843), avait passé des écuries de Louis XVI dans celles de Napoléon, où il remplissait les modestes fonctions de piqueur. Le fils faisait partie de la Maison impériale ; il était valet de pied ; son intelligence, son dévouement, sa bonne mine lui valurent les bonnes grâces de l’Empereur qui l’attacha plus particulièrement à sa personne et le désigna pour l’accompagner à Sainte-Hélène. Saint-Denis n’avait reçu que peu d’instruction. Il eut cependant l’idée d’écrire jour par jour ce qu’il voyait et ce qu’il entendait. Son service l’appelait à chaque instant près de l’Empereur : il a entendu de sa bouche bien des choses curieuses. Ce journal forme quatre gros cahiers, dont l’écriture n’est pas mauvaise, mais qui, sous le rapport de l’orthographe et de la grammaire, laissent beaucoup à désirer. J’ai pu les parcourir et ils m’ont vivement intéressé. Voici un emprunt que je leur fais : « Sire, qui dit Montholon, j’ai eu occasion de voir beaucoup les Anglais, de vivre au milieu d’eux, et je puis vous dire qu’ils sont bons enfants tout de même. — Oui, qui dit l’Empereur, mais leur gouvernement ne vaut pas le diable, et il savait bien ce qu’il faisait, en me donnant pour geôlier la plus grande canaille de l’Angleterre. » C’est dans ce style grotesque, souvent expressif, toujours énergique, que ce journal est écrit depuis 1801 jusqu’en 1821. Il devient surtout plus intéressant à partir de 1814, où le maître, plus rapproché du serviteur, a eu moins de secrets pour lui. C’est Saint-Denis qui rendit à Napoléon les derniers devoirs comme domestique.
Ceci, naturellement, a été embelli encore. D’après cette seule page, on a représenté le bibliothécaire de l’Empereur à Sainte-Hélène, comme une sorte de palefrenier illettré, qui serait