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aisément, dans ses Intérieurs, ce qui est une habitation, où l’on vit, un home, fût-il le plus somptueux et le plus vide, et ce qui n’est qu’un décor, comme la plupart des salles de palais qu’il expose cette année.

Jusqu’ici, les peintres de palais historiques vont surtout à Versailles. Mlle Meunier a étudié les Rayons de soleil dans le salon du Conseil, de Louis XV. M. Henry Tenré expose une vue du Salon de la Guerre, qui en donne la plus juste idée. Mlle d’Estienne nous montre la Bibliothèque de Louis XVI. Mais voici M. Walter Gay, qui se met à analyser les splendeurs de la Salle du Conseil à Fontainebleau et du Musée Carnavalet, va-t-il déterminer des modes nouvelles ? En tout cas, plusieurs de ses confrères s’acheminent maintenant vers Fontainebleau et vers le Musée Carnavalet. Aux Artistes français, M. Paul Thomas, qui expose six Intérieurs, excellents, d’une justesse et d’une finesse de tons sans égales, montre des Boiseries au Musée Carnavalet, M. André Vautier étudie un Bassin du Parc de Fontainebleau, M. Geobelauët, avenue d’Antin, donne très bien l’impression d’une suite de salles au Musée Carnavalet. Plusieurs autres artistes, dont le mérite ne le cède en rien à ceux-ci, se bornent à peindre les intérieurs qu’ils ont sous les yeux : tels M. de Joncières, avec la Salle à manger du château de Monsauve M. Frédéric Lauth, dans son Intérieur, M. Ventéjuol, dans ses, Cariatides de Jean Goujon, au Louvre. M. Larrue dans le Buste sur la Console, Mme Nobel dans Un salon de l’île Saint-Louis. Ce sont, là, des ambitions limitées, mais bien réalisées, qui donnent aux contemplateurs et aux méditatifs de vives joies.

Plus vaste est l’ambition des statuaires et ce n’est pas seulement aux délicats, mais à un peuple tout entier que leur œuvre s’adresse. Faite pour la place publique, elle doit être intelligible à tout ce qui passe sur la place publique et l’émouvoir. C’est, là, quels que soient le temps et le sujet, la condition essentielle d’un monument. Elle s’impose avec plus de force encore, cette année, lorsque nous voyons, de tous côtés, qu’on veut dédier un souvenir durable aux héros de la guerre. Presque tous nos artistes se sont essayés à cette tâche et leur effort vaut d’être considéré.

Que d’autres déplorent qu’ils soient sans génie. Je les loue d’être sans prétention, ni excès. Le génie, il n’est au pouvoir de personne de l’évoquer quand il le faudrait. La mesure, la