en 1901, à Aïn Sefra ; ils venaient le saluer ; quelques-uns lui apportaient des provisions de voyage. A Aïn Sefra, la petite ville blanche, bâtie au pied des dunes, il aurait pu trouver quelque auberge. Mais le général Cauchemez l’emmena au bureau arabe, château blanc parmi des arbres d’Europe, et lui donna une chambre, où Charles de Foucauld logea, cela est sûr, mais où l’on ne peut dire qu’il coucha dans un lit. Pendant les deux ou trois jours qu’il demeura chez le général, on apprit bientôt que l’explorateur-ermite avait dormi sur le plancher. Il se déclarait bien reconnaissant envers les officiers de tout grade qui lui faisaient accueil. Et c’est pour ne pas les contrarier qu’après quelque résistance il accepta, lui qui se proposait d’aller à pied jusqu’à Béni Abbès, de partir avec le lieutenant Huot, qui revenait de permission, et donc de faire à cheval, — sur le cheval d’un cavalier du maghzen, — et avec une escorte, la longue route d’Aïn Sefra à Béni Abbès.
Ils entrèrent dans les régions désertiques.
A mi-route environ, se trouvent l’oasis de Taghit, et la redoute qui commande une région dangereuse, fréquemment parcourue par des partisans en maraude. Comme les voyageurs français et leur petite escorte approchaient de là, ils virent accourir une troupe de cavaliers. C’était le capitaine de Susbielle, commandant du poste, à la tête de son maghzen. Prévenu de la prochaine arrivée de l’ancien lieutenant de chasseurs d’Afrique, il venait à la rencontre de celui qui se dévouait à jamais aux pauvres du désert. En chemin, il avait dit à ses hommes : « Vous allez voir un marabout français ; il vient par amitié pour vous : recevez-le avec honneur. » Foucauld, reconnaissant la France, se porte vers elle, au galop, sa robe blanche flottant au vent. Il arrête son cheval à trois pas de l’officier, et répond au salut de M. de Susbielle. En même temps, les quinze cavaliers, fidèles à la politesse indigène, mettent pied à terre, enveloppent le marabout « qui vient par amitié pour eux, » et, plusieurs ensemble, inclinés, baisent le bas de sa « gandourah. »
Ce fut la bienvenue du Sahara.
Frère Charles vécut quelques heures à Taghit. Le 24 octobre, avant de remonter à cheval, il célébra la messe devant les Français de la garnison. « C’est la première messe depuis l’occupation, disait-il. Il est probable qu’en aucun temps un prêtre n’y est venu. Je suis bien ému de faire descendre Jésus en ces