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impressions assez confuses sur la science médicale. On met au même rang, le docteur, de quelque faculté que ce soit : celui de Paris, celui de Montpellier et celui de Pise ; presque sur le même plan, le chirurgien, le barbier et le médecin ; l’on se remet à l’apothicaire pour de légères opérations ; et la confiance qu’on entretient aux « remèdes de bonne femme » tue la foi dans la médecine. On n’avait point Foureau, on n’avait point Maingault : on prit O’Meara.

C’était un garçon de vingt-neuf ans : Barry-Edouard O’Meara, intelligent, actif, parlant assez correctement l’italien, comme nombre d’officiers britanniques que des séjours prolongés dans les îles et sur les côtes de la Méditerranée avaient familiarisés avec la langue. Touchait-il par quelque point à des O’Meara qui, répandus, avant la Révolution, dans les régiments irlandais au service de France, y firent une carrière souhaitable ? Cela est douteux. Il n’avait même pas les mêmes armoiries. Il était d’une famille qui fournit, dit-on, des médecins distingués, parmi lesquels Vermot Meara. Son père, Jeremiah, se disait « membre de la profession légale, » et le vague de cette appellation ne donne guère confiance à la place qu’il occupait. Barry a dit « qu’il était un ancien et respectable officier qui avait servi de longues années avec Lord Barrington en Amérique, et qui avait reçu du roi George III une pension pour avoir arrêté deux chefs d’une bande de rebelles armés dans le Nord de l’Irlande. » Sa mère, née Murphy, était la sœur d’un Edmund Murphy, maître ès arts de Trinity College à Dublin, et recteur à Tarbaragham au comté D’Armagh.

Barry a prétendu qu’après avoir étudié sa profession pendant quelques années, il avait suivi les cours qu’on professait à Trinity College et au Collège Royal des Chirurgiens à Dublin, Son nom ne se trouve sur les listes d’aucune de ces institutions. Il a dit ailleurs, sans qu’il ait davantage donné de garanties, qu’il avait étudié à Londres. Ce qui est certain, c’est qu’à dix-huit ans, en 1804, il fut nommé aide-chirurgien au 62e régiment qu’il suivit en Sicile, en Calabre et en Egypte. Se trouvant à Messine, après l’évacuation du fort de Scylla, il servit de témoin, dans un duel, à l’un de ses camarades d’école, pour quoi lui et son client furent renvoyés de l’armée. Mais ils furent l’un et l’autre agréés tout de suite dans la marine. Aide-chirurgien à bord du schooner l’Aventure, chirurgien sur la