Trois ans après sa conversion, le 16 janvier 1890, Charles de Foucauld entrait à la Trappe.
J’ai voulu visiter l’abbaye de Notre-Dame des Neiges. Elle est située sur les hauts plateaux des monts du Vivarais, dans une contrée sauvage, qui dépendait autrefois du Languedoc. Lorsqu’on est arrivé sur ces crêtes, balayées par le vent, vêtues de courtes bruyères, sans arbres, qui enveloppent le monastère, on ne voit autour de soi, à d’immenses distances, que des sommets à peu près d’égale hauteur, tendant à la lumière leur pierraille et leur maigre verdure, et séparés les uns des autres par l’ombre violette des ravins. Il n’y a pour ainsi dire point de termes sur les hauteurs : une ou deux seulement, au corps trapu, au toit surbaissé, fait pour porter six mois de neige et de tempête. Je venais de loin, par un chemin qui suit les crêtes. Le chemin descendit un peu ; l’automobile entra dans une avenue, que bordaient deux bois de jeunes pins et de hêtres, puis tout à coup, sortant de l’ombre, courut de nouveau dans le soleil et les larges espaces. Devant moi, à mi-coteau, se dressait le monastère de granit blanc, avec ses granges, ses celliers, ses étables, ses écuries ; une forêt, semée par les moines, couvrait