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lourds, elle avait, en revanche, conservé nombre de fusils et de mitrailleuses et irrégulièrement constitué des organisations militaires qui, réunies ensemble, peuvent former le noyau d’une armée très importante. Il a montré que l’attitude de l’Allemagne n’avait pas été plus satisfaisante dans la question des criminels de guerre et qu’après avoir été autorisé par les Alliés à ne pas livrer ces coupables, le Gouvernement du Reich retardait systématiquement les poursuites devant la Cour de Leipzig. Pour les réparations, il a nettement déclaré que, malgré l’indulgence des Alliés, l’Allemagne avait failli à ses obligations et même laissé voir qu’elle ne voulait pas les remplir. Il lui a reproché de chercher aujourd’hui à répudier ses responsabilités. Il a fait justice de tous les faux-fuyants imaginés par elle ; il a traité ses offres de dérisoires ; il a rappelé les concessions faites par les Alliés à Boulogne, à Spa, à Bruxelles, à Londres, et il a ajouté : « Tous ces efforts pour amener l’Allemagne à des propositions loyales ayant échoué, il ne restait plus qu’à en venir aux prescriptions du traité, et la Commission des Réparations a alors donné ses conclusions. »

Nous verrons tout à l’heure s’il est exact qu’on soit revenu aux prescriptions du traité et quel sort ont eu les conclusions de la Commission. Suivons, d’abord, M. Lloyd George. Il rappelle que la dette allemande a été fixée à 6 milliards 600 millions de livres sterling or, c’est-à-dire à cent trente-deux milliards de marks or et il analyse les différents revenus que l’Allemagne peut, d’après lui, affecter au règlement de cette dette, prestations en nature, main-d’œuvre allemande, à propos de laquelle il prévoit des objections et des difficultés, et enfin prélèvement de vingt-cinq pour cent sur les exportations allemandes, prélèvement qui s’exécutera, dit-il, non pas en marks, mais en traites de change. Analyse un peu rapide et fort incomplète. M. Lloyd George néglige des moyens de paiement tels, par exemple, que les avoirs allemands à l’étranger. Pendant la guerre, les Français qui possédaient des valeurs étrangères les ont remises à l’État. Le gouvernement allemand peut donc bien, de son côté, comme il l’a déjà fait, du reste, au cours des hostilités, obtenir que ses nationaux lui livrent, contre remboursement en marks, les titres étrangers qu’ils détiennent ou les avoirs qu’ils gardent dans des banques, hors des frontières du Reich. Si l’Allemagne rencontrait, d’aventure, quelques difficultés de la part de ses capitalistes, il ne lui serait pas difficile de briser ces résistances. Il suffirait qu’elle le voulût ou qu’elle y fût contrainte par les Alliés.

Ce qui est certain, c’est que, pendant toute la durée de la guerre