Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 63.djvu/472

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

apparents des étoiles de leurs températures effectives. Heureuse et suggestive confirmation !

D’ailleurs, Bételgeuse qui, pareille par sa couleur à un rubis, constitue l’agrafe supérieure du scintillant baudrier d’Orion, n’est de loin pas une des étoiles les plus rapprochées de la Terre. Les mesures jusqu’ici effectuées de sa parallaxe conduisent à lui assigner une distance à la Terre telle qu’il faut à la lumière environ cent cinquante ans pour la parcourir, c’est-à-dire environ cinquante fois plus qu’il ne lui en faut pour nous venir de l’étoile la plus rapprochée de nous.

Tout cela permet de calculer le diamètre réel de l’étoile Bételgeuse que l’on trouve ainsi égal à trois cents fois celui de notre soleil, c’est-à-à-dire à plus de 415 millions de kilomètres. Autrement dit, la sphère qui constitue la surface de cette étoile monstrueuse contiendrait dans son intérieur, si le soleil était transporté en son centre, la moitié au moins de notre système planétaire, et l’orbite terrestre tout entière, puisque cent cinquante millions de kilomètres seulement séparent la terre du soleil.

Voilà les choses que nous apprennent ces petites ondulations infra-microscopiques et serpentines que sont les vibrations lumineuses. Pour réussir à mesurer ce qu’il y a de plus vaste parmi les objets de l’Univers, il a fallu recourir finalement à ce qu’il y a de plus minuscule. Singulière confirmation, et combien inattendue, de la profonde vérité incluse par Pascal dans son parallélisme des deux infinis.


CHARLES NORDMANN.