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larges fentes très écartées, des franges d’interférence au foyer des grands instruments destinés à observer les étoiles, il deviendra possible d’obtenir des données nouvelles sur les diamètres angulaires de ces astres. »

Cette remarque étonnante, cette divination, ici encore comme dans le cas de la détermination du mètre en longueurs d’ondes lumineuses, il devait appartenir à Michelson d’en être le réalisateur là où Fizeau avait été le cerveau divinateur et le guide.

Mais reprenons la chose pour la rendre, si possible, plus claire. On n’avait jusqu’ici aucun moyen de mesurer directement le diamètre, la grosseur des étoiles. La raison en était leur fantastique éloignement ; la plus rapprochée de nous, si elle avait la même grosseur que le soleil, n’aurait qu’un diamètre apparent égal à celui d’une bille d’un centimètre vue à 500 kilomètres de distance. Dans une lunette, cela donnerait une image plus petite que la tache lumineuse un peu étalée qui constitue l’image d’un point éloigné sans dimensions, tache dont l’étalement provient de la diffraction des rayons lumineux de l’étoile par les bords de l’objectif. Cette diffraction est cause que plus la lunette dont on se sert est puissante, plus son objectif est large, plus l’image d’une étoile donnée y est pelite, nette, concentrée. L’image d’une étoile dans une lunette est en effet constituée par un petit disque brillant qu’entourent des petits cercles alternativement sombres et lumineux qui sont des franges d’interférence.

Ils sont dus à ce que les divers rayons lumineux ayant traversé l’objectif de la lunette convergent au foyer de celle-ci en certains points en se renforçant, et à côté en se détruisant, selon leurs différences de marche, ainsi qu’il a été expliqué ci-dessus, c’est-à-dire suivant que leurs ondes vibrent dans le même sens ou en sens contraire au point de convergence. Quoi qu’il en soit, si, suivant la suggestion de Fizeau, on reçoit les rayons lumineux provenant d’un disque lumineux éloigné, non plus sur tout l’objectif, mais sur un écran placé devant lui et qui ne les laisse passer que par deux fentes, il se produit au foyer de la lunette deux systèmes de franges alternativement brillantes et lumineuses et correspondant chacun à une des fentes.

Or l’expérience, d’accord avec la théorie qui a été établie d’une façon complète et magistrale par Michelson, montre que ces franges disparaissent lorsque l’écartement des deux fentes est dans un certain rapport numérique connu avec le diamètre du disque, parce qu’alors les parties lumineuses d’un des systèmes de frange se superposent