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mètre par le moyen des raies spectrales du cadmium, par le moyen d’un phénomène optique rigoureusement constant.

La détermination de Michelson et Benoit a été reprise postérieurement au moyen d’une méthode interférentielle encore plus précise imaginée par deux éminents physiciens français, MM. Pérot et Fabry. Le point essentiel de cette méthode ingénieuse et précieuse, que je regrette de ne pouvoir décrire ici, consiste dans ce fait que les franges d’interférence sont observées par transmission à travers une lame d’air et non plus par réflexion sur cette lame. Cette lame est délimitée par deux surfaces de verre faiblement argentées, de telle façon que la lumière puisse traverser ces couches minces d’argent, en partie directement, en partie après double réflexion. Ce dispositif a divers avantages sur celui de Michelson.

Finalement, entre les mains de MM. Fabry, Pérot et Benoit, la méthode a établi que la longueur du mètre (toujours à 15° et sous la pression d’une atmosphère) est égale à 1 553 164, treize fois la longueur d’onde de la raie rouge du cadmium. Ce nombre ne diffère même pas d’un millionième de celui obtenu par la méthode de Michelson. Ainsi a été obtenue une des données essentielles de la science moderne, car il n’est de science que du mesurable, et l’exactitude de la science est fonction de celle des mesures. Ἀεὶ θεὸς γεωμετρεῖ, disaient déjà les Grecs.


Que les longueurs d’onde de la lumière dussent un jour, — après que toutes les autres méthodes directes avaient échoué, — servir à mesurer les dimensions des lointaines étoiles ; qu’ainsi l’infiniment petit fût seul à pouvoir nous dévoiler l’infiniment grand, c’est ce que beaucoup eussent malaisément imaginé a priori.

Et pourtant Fizeau longtemps à l’avance avait conçu et préparé cette merveille. Ici encore ce grand Français fut un génial précurseur et il indiqua et inventa la méthode dont son siècle ne devait pas voir la réalisation.

Voici ce qu’écrivait Fizeau en 1868 dans un rapport à l’Académie des sciences : « Il existe pour la plupart des phénomènes d’interférence une relation remarquable et nécessaire entre les dimensions des franges et celle de la source lumineuse, en sorte que des franges d’une ténuité extrême ne peuvent prendre naissance que lorsque la source lumineuse n’a plus que des dimensions angulaires insensibles : d’où, pour le dire en passant, il est peut-être permis d’espérer qu’en. s’appuyant sur ce principe et en formant, par exemple, au moyen de