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Voici l’expérience de Young : un faisceau de lumière solaire pénètre par une étroite ouverture dans une pièce obscure ; en interposant sur son trajet un carton percé de deux petits trous d’épingles très voisins, on constate sur un écran, disposé à quelque distance plus loin, des phénomènes remarquables : si on bouche l’un des petits trous, l’autre produit sur cet écran une tache brillante, d’autant plus large d’ailleurs que le trou est plus petit (ceci à cause du phénomène de la diffraction que j’ai expliqué récemment ici même). Mais si on laisse la lumière traverser simultanément les deux petits trous, on constate sur l’écran que les deux plaques lumineuses produites par eux, au lieu de se superposer purement et simplement donnent naissance à une série de bandes alternativement sombres et colorées, et formant des cannelures analogues à une grille dont les barreaux sombres seraient séparés par des espaces lumineux.

Young, le premier, expliqua ce phénomène en partant de la théorie des ondulations proposée par Huyghens et qui, à cause de l’autorité de Newton, — l’autorité et le prestige servent parfois à maintenir des erreurs... du moins en physique, — n’avait pas encore supplanté la théorie erronée de l’émission.

Mais il appartenait à des physiciens français, surtout Fresnel, puis Fizeau, de montrer que le phénomène des interférences nous donnait la clef de l’optique entière. Les admirables applications récentes des interférences, que je me propose d’exposer ci-dessous, ne sont que l’utilisation presque littérale des données fournies par Fizeau. C’est une chose qu’il est bon de rappeler à l’heure où trop souvent la science étrangère récolte les fruits semés par le génie français, sans même daigner citer celui-ci.

Il convient d’ailleurs d’ajouter que, dans le riche domaine de l’optique interférentielle, la France ne se contente pas du prestige de son passé, si beau soit-il. Grâce aux travaux de MM. Pérot et Fabry dans le domaine purement physique, grâce à ceux de M. Maurice Hamy dans le domaine astronomique, elle n’a pas cessé, même aujourd’hui, de se tenir à la tête de l’ « interférométrie, » — si j’ose employer ce néologisme, — c’est-à-dire de l’art de mesurer les objets en utilisant, comme on va voir, les interférences. J’ai d’ailleurs emprunté une grande partie des données de cette chronique aux admirables exposés de la question que M. Hamy a faits à diverses reprises récemment.

Mais revenons à l’expérience de Young. On peut donner à cette expérience la forme simplifiée suivante : Dans une lame de métal on