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JEAN-JACQUES ROUSSEAU
ET LES
ORIGINES MORALES DU ROMANTISME

« Le public ne sait pas, — écrivait Taine, — ce qu’il en coûte de peine pour faire un bon livre, c’est-à-dire un livre dans lequel l’auteur pense par lui-même et écrit d’après les documents originaux. En voici un, — il s’agissait d’une étude sur Jefferson, — qui donne l’envie d’établir ce compte : on s’habitue un peu trop volontiers à nous traiter d’amateurs et de paresseux. »

J’ai bien envie de suivre l’exemple de Taine à propos du livre, du très beau livre, que mon pauvre ami Maurice Masson avait consacré à la Religion de J.-J. Rousseau [1], et dont, avant d’être tué d’un éclat d’obus, il avait si vaillamment corrigé les épreuves, « au nez des Boches, » dans les tranchées de Lorraine. La vulgate des Œuvres de Rousseau comprend treize volumes ; mais cette édition soi-disant « complète » est fort incomplète, — elle contient à peine la moitié de la Correspondance, — et les autres œuvres imprimées, souvent fort importantes, du grand écrivain sont actuellement dispersées dans une trentaine de volumes. Elimination faite des innombrables non-valeurs, qu’il a fallu lire, précisément pour les éliminer, la liste des ouvrages imprimés intéressant la pensée religieuse de

  1. La Religion de J.-J. Rousseau, par Pierre-Maurice Masson, 3 vol. in-16, couronnés par l’Académie française (grand prix de littérature), 2e édition ; Paris Hachette, 1916. — Cf. du même, la Profession de foi du Vicaire savoyard, de J.-J. Rousseau, édition critique, d’après les manuscrits de Genève, Neuchâtel et Paris, avec une introduction et un commentaire historiques, 1 vol. in-8 ; Fribourg, Gschwend et Paris, Hachette. 1914.