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superposés ? On veut supprimer les cycles de l’enseignement secondaire ; mais on imagine un cycle secondaire succédant au cycle primaire, au lieu d’un seul cours d’études ordonné et harmonieux, ce qui est une autre édition du même système, et un simple déplacement de l’erreur pédagogique que l’on prétend avoir été commise.

Supposons ces difficultés résolues, quoiqu’elles soient loin de l’être. Tout ne sera pas encore aussi simple qu’on feint de le croire. Quel sera l’âge où s’effectuera le passage du primaire au secondaire ? Le plus tard possible, dit l’enseignement primaire. Le plus tôt possible, répond l’enseignement secondaire. Et les tenants de l’un et l’autre enseignement de batailler. M. Honnorat, ministre de l’Instruction publique, indiquait lui-même, dans le discours par lequel il ouvrait la session du conseil supérieur, en janvier 1920, qu’on avait peut-être fait fausse route en reportant à treize ans, comme on l’a fait, le certificat d’études primaires, ce qui semble reporter au même âge, par voie de conséquence, plus apparente que réelle, nous allons le voir, le début des études secondaires pour les élèves sortis des écoles primaires. Cependant, bien loin de céder sur ce point, l’enseignement primaire réclame une scolarité obligatoire prolongée jusqu’à quatorze ans. Et le même ministre a déposé un projet de loi dans ce sens. Qui plus est, les raisons que l’on fait valoir sont excellentes. Il y aura bien la dépense, et le recrutement difficile des maîtres, sans parler de la pénurie de main-d’œuvre, qui pourront faire hésiter devant cette réforme. Il faudra le regretter. Elle donnerait en effet des apprentis plus mûrs moralement, et physiquement plus résistants. Les principales nations européennes l’ont adoptée, et la France n’aime plus être en retard en matière d’instruction publique. Elle est en harmonie enfin avec un vote récent de la conférence du travail de Washington qui, à la quasi unanimité, a posé ce principe que le travail de l’enfant ne devait commencer qu’après quatorze ans. Il est à prévoir que les différents gouvernements sanctionneront tôt ou tard un principe qui a été l’objet d’une telle manifestation de la part de leurs délégués. Or jusqu’ici il y avait accord chez nous entre la législation scolaire et la législation du travail. (Remarquons d’ailleurs que l’enfant destiné au commerce ou à l’agriculture reste en dehors de cette législation.) L’enfant doit aujourd’hui aller à l’école jusqu’à