mais elles sont construites en pierres de taille, ce qui est pour une institution la meilleure des garanties. Retenons seulement de cette discussion qu’il faut, par plus de liaison entre l’enseignement primaire et les autres ordres d’enseignement, arracher celui-ci à son isolement, et qu’il faut libérer les grades, qui lui sont propres, des monopoles dont ils jouissent. Les monopoles sont surtout nuisibles à ceux qu’ils protègent.
Nous voici donc de nouveau à la recherche de quelque substitut de l’irréalisable école unique. Ne serait-ce pas tout simplement le programme unique, commun à tous les enfants du même âge, qu’ils soient élèves des lycées ou des écoles primaires ? De même, quand on se met à parler de lycée unique aujourd’hui, on entend par là un programme d’enseignement secondaire commun aux filles et aux garçons, et pas autre chose. L’école unique, en ce sens, semble être en effet la simplicité et la justice même. Tout le monde part du même pas. On fait route parallèlement. A un moment donné, les uns s’arrêtent, les autres continuent. — Défions-nous de tant de simplicité. On supprime ainsi, sans crier gare, les classes élémentaires des lycées et collèges. On appelle de ce nom ce qu’on appelle aussi, d’un autre nom, les classes de septième et de huitième, classes intermédiaires entre l’enseignement primaire proprement dit et l’enseignement secondaire. Le personnel enseignant est ici composé d’instituteurs d’élite recrutés par un concours spécial. Ce sont souvent, dans nos lycées, les classes les mieux faites, celles où l’art d’enseigner s’est marié le mieux avec la connaissance des matières à enseigner. Nous disions tout à l’heure quelque chose d’analogue à propos des écoles normales : il faut, autant que possible, ne tuer que ce qui est à moitié mort. Supprimer un organisme bien vivant et le sacrifier à une conception de l’esprit que la réalité peut-être ne justifiera pas, c’est une lourde responsabilité à prendre. D’autre part, est-il vrai, pour reprendre l’image dont nous usions il y a un instant, que ceux qui veulent et peuvent aller plus loin que d’autres doivent commencer par marcher du même pas ? En d’autres termes, les études des premières années sont-elles les mêmes pour ceux dont elles seront le tout, et pour ceux qui n’y voient qu’un commencement ? Les programmes secondaire et primaire, pour les élèves qui les parcourront l’un après l’autre, ne doivent-ils pas tenir compte l’un de l’autre, au lieu de faire deux touts