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L’HYMNE VESPÉRAL

Sous les arceaux massifs de la salle commune Où trônent noblement d’antiques parchemins, Ouvrages dont le temps assure la fortune, Tu lis Prudentius, le front dans tes deux mains.

Quel silence profond double ta solitude ! Un lutrin, noyé d’ombre, efface son contour : Les novices, déjà, dorment dans le lin rude, Pures comme le lait qui n’a pas vu le jour.

Une bûche s’éteint et soudain se rallume, Ce qui fait chatoyer le cuir de maint volume, Et revêt ton psautier d’une robe de feu.

La lecture te berce... ô musique suprême ! Et pour te consoler, quand cesse le poème, Dans la cendre, un grillon chante son hymne à Dieu.


LA MONIALE AILÉE

Un oiseau, sur des rameaux nus, Tristement se balance, Tandis que des sapins chenus Tombe à flots le silence.

Jongleurs et porteurs de haillons, Favoris de Marie, Les béquillards, les vagabonds, Encombrent l’abbaye.

Le Hohenbourg est engourdi Dans un linceul immense, Et bien qu’il ne soit que midi, Le soir déjà commence.

Le jour, sous le firmament bas, Promène son fantôme ; L’heure sommeille ; on n’entend pas Même le bruit d’un psaume. </poem>