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Il ajoute que les idées de Lénine et sa propagande « pour la défaite » font de grands progrès parmi les éléments instruits de la classe ouvrière.



Dimanche, 19 septembre.

Sur tout l’immense front qui se déroule de la Baltique au Dniester, les Russes continuent leur lente retraite.

Hier, une offensive enveloppante et hardie a fait tomber Wilna aux mains des Allemands. Toute la Lithuanie est perdue.



Lundi, 20 septembre.

Les grèves de Pétrograd sont terminées.

A Moscou, l’Union des Zemstvo et l’Union des Villes ont adopté une motion réclamant la convocation immédiate de la Douma et la formation d’un ministère « ayant la confiance du pays. »

Les nouvelles que je reçois de province sont satisfaisantes, en ce sens qu’elles écartent l’éventualité d’un mouvement révolutionnaire et qu’elles attestent, dans la masse du pays, la ferme résolution de poursuivre la guerre.



Mardi, 21 septembre.

Le tsar Ferdinand a découvert son jeu : la Bulgarie mobilise et se dispose à attaquer la Serbie.

Quand Sazonow me communique cette nouvelle, je me récrie :

— La Serbie ne doit pas se laisser attaquer ; il faut qu’elle attaque immédiatement.

— Non, me répond Sazonow. Nous devons essayer encore d’empêcher le conflit.

J’objecte que le conflit ne peut plus être évité ; que, depuis longtemps, le jeu de la Bulgarie est trop évident ; qu’une procédure diplomatique ne peut plus avoir présentement d’autre effet que de laisser à l’armée bulgare le temps de se mobiliser et de se concentrer ; que, si les Serbes ne profitent pas de ce que la route de Sofia leur est ouverte pendant quelques jours encore, ils sont perdus. Je déclare enfin que, pour appuyer l’action des Serbes, la flotte russe doit bombarder Bourgas et Varna.

— Non ! s’exclame Sazonow... La Bulgarie est notre coreligionnaire ;