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de laisser inactive de fait. Sa Majesté tient cependant à honneur d’avoir dû cette distinction scientifique, comme simple particulier, aux suffrages de ses anciens collègues ; mais, aujourd’hui, en sa qualité d’Empereur, le titre de protecteur de l’Institut est celui qu’il convient de lui donner, dans les listes qui seront imprimées, sans cependant oublier d’y rappeler qu’il a été élu le 5 nivôse an VI.

« Je vous invite donc, Monsieur le Président, conformément à l’ordre de Sa Majesté, à faire nommer, le plus tôt qu’il vous sera possible, à la 6e place réputée vacante dans la Section de Mécanique, en vous conformant d’ailleurs à ce qui est prescrit par les règlements. — CARNOT. »

La 1re Classe se conforma aussitôt à l’invitation du ministre de l’Intérieur. Le 8 mai 1815, elle élut, dans la Section de Mécanique, à la place de l’Empereur, Pierre Molard, qui avait été en 1797 l’un des concurrents de Bonaparte dans la liste de douze candidats dressée par la Section. Ainsi se trouva reconstitué, six semaines environ avant Waterloo, le cadre de la Section II, qui était incomplète depuis que Napoléon s’était fait classer en dehors. Avec l’élection de Molard, le fauteuil de Napoléon a repris toute sa fixité académique..

Ouvrons l’annuaire de l’Institut royal de France, de 1817, le premier qu’ait publié le gouvernement de la seconde Restauration. La Section II, Mécanique, de l’Académie royale des Sciences, porte ces six noms : Périer, de Prony, le baron Sané, Molard, Cauchy, Bréguet. Qu’étaient devenus Monge et Carnot ? Ils avaient été rayés l’un et l’autre de la liste des membres de l’Académie ; Carnot avait dû en outre prendre le chemin de l’exil. Pour Napoléon, il avait pris les devants sans le savoir, en se faisant remplacer lui-même : l’ordonnance du 21 mars 1816 l’aurait traité comme elle traita Monge et Carnot.


G. LACOUR-GAYET.