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procès-verbaux des séances de l’Institut du Caire, depuis le 1er jusqu’au 26 frimaire (20 novembre — 16 décembre 1798), adressés à l’Institut par le citoyen Bonaparte. »

Puis, pendant de longues semaines, l’Institut national, comme la France, demeura sans nouvelles de l’absent. Tout à coup une rumeur surprenante se répand et se confirme : le général a débarqué à Fréjus le 9 octobre, il est sur la route de Paris, il est arrivé à Paris le 16 de grand matin. Sept jours plus tard, le 23 octobre, il avait repris sa place parmi ses confrères de la 1re Classe. « La Classe arrête, dit le procès-verbal de cette séance, qu’il sera fait mention au procès-verbal de la satisfaction qu’elle éprouve de voir notre confrère Bonaparte dans son sein. »

Dès le 23 octobre, à la séance où il reprenait contact avec ses confrères, il était nommé d’une commission, avec Laplace et Lacroix, tous deux de la Section de Mathématiques ; les trois commissaires étaient chargés de faire un rapport sur un mémoire de Biot : « Considérations sur les équations aux différences mêlées. »

Le 27 octobre, Bonaparte assista à la séance générale, non publique, des trois Classes. Il entretint ses confrères de trois nouvelles, d’ordre archéologique et scientifique, qui se rapportaient à l’Egypte.

Une table de pierre, avec des inscriptions en grec, en copte et en hiéroglyphes, avait été découverte dans les fondations du château de Rosette ; elle portait que, sous le règne d’un Ptolémée, on avait curé tous les canaux de l’Egypte et que ce travail avait coûté telle somme. Le général avait donné des ordres pour le transport de cette table en France. C’est la Pierre de Rosette, aujourd’hui au British Muséum, devenue l’orgueil de la science française, depuis que le génie de Champollion a su découvrir dans la comparaison des trois textes le secret des hiéroglyphes.

En fouillant les fossés d’Alexandrie, on avait trouvé dans une tombe une statuette de femme, coiffée comme les femmes d’aujourd’hui ; la statuette avait été expédiée en France.

Enfin le général rendit un compte détaillé des études préparatoires qui avaient été faites et qui continuaient à se faire pour le percement d’un canal entre la Méditerranée et la mer Rouge. Ce canal avait existé dans l’antiquité ; les débris qui en