Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 63.djvu/293

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

travail silencieux, un avion entièrement métallique qui, dès ses premiers essais, a donné les remarquables résultats prévus.

Or, l’Allemagne ne manque pas de techniciens de l’aéronautique ; dans presque toutes les hautes écoles techniques, et elles sont nombreuses, il existe un cours d’aérodynamique très complet, qui permet aux industriels de recruter avec facilité un bon personnel, sélectionné par l’expérience journalière.

Beaucoup d’usines d’aviation créées avant ou pendant la guerre ont été transformées et fabriquent aujourd’hui un matériel quelconque : automobiles, machines à coudre, machines agricoles, meubles, etc. ; mais la plupart ont maintenu leurs bureaux d’études et laboratoires d’aérodynamique, avec un personnel choisi ; elles ont conservé leurs bons ouvriers d’aviation ; en peu de semaines, elles seraient en état de reprendre les fabrications d’aéronautique.

Il est d’ailleurs à remarquer que volontairement les grandes usines, les sociétés importantes, s’imposent des sacrifices pour conserver et faire travailler le personnel technique spécialisé dans l’aéronautique, et consacrent à cette œuvre une part de leurs bénéfices.


Par la presse, par les conférences, par une propagande constante, le peuple allemand est associé à cette préparation de la puissance aérienne ; le mot de l’ex-Empereur : « Notre avenir est sur l’eau, » est aujourd’hui remplacé par : « Notre puissance est dans l’air. »

De nombreuses réunions sont tenues auxquelles assistent anciens officiers, anciens et nouveaux aviateurs ; on y étudie le rôle militaire de l’avion dans une autre guerre ; on y examine les liaisons de l’armée de l’air avec les armées de terre et de mer ; on y discute les meilleurs procédés d’attaque brusquée. Le secret est recommandé aux auditeurs, mais tout finit par transpirer : dernièrement, les conférences portaient sur les procédés de bombardement des grands centres. Les uns préconisaient les grandes bombes d’une tonne capables d’écraser un quartier, d’autres veulent les petites bombes incendiaires de 1 kilogramme à base de magnésium ; ces derniers estiment que 20 000 bombes de cette nature allumeraient facilement 2 000 foyers d’incendie ; or 20 000 bombes de 1 kilogramme