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retour de fonctionnaires ottomans. » — Testis affirme ainsi le contraire de la vérité. A mon départ, après deux ans de direction ou de contrôle de l’administration, l’administration turque était au complet comme elle ne l’avait jamais été en Cilicie. C’était l’ordre du maréchal Allenby, que rien n’a modifié, et dont je ne me suis jamais écarté.

Enfin, j’ajouterai que, dès le mois d’avril, j’ai demandé à maintes reprises au général Dufieux à rentrer en France, parce que je savais qu’à Beyrouth on avait contre moi une hostilité constante. C’est ainsi que le 1er mai, sous le n° 262, j’écrivais au général Dufieux :


Mon général,

Je vous envoie une demande de télégramme à Beyrouth. J’aurai l’honneur de vous en reparler ce soir à la signature. Mais j’ai bien réfléchi depuis plusieurs jours à la situation : tout s’effrite lentement, aucune réaction n’apparaît, l’incompréhension persiste totale.

Dans ces conditions, n’importe qui peut me remplacer, il n’y a plus rien à perdre.

Une seule chance reste : essayer de faire comprendre : c’est ce que je tente, et je serais satisfait si je réussissais à le faire, même au prix que j’offre. Mais hélas...

Avec tout mon dévouement.


BRÉMOND.

Et le général me répondait le 2 mai sous le n" 978/R :

J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre lettre n° 262/A du 1er mai.

J’apprécie à toute sa valeur le sentiment qui vous inspire lorsque vous me proposez de prendre sur vous l’appréciation de la situation et d’assumer les conséquences de vos déclarations.

Mais, tout en vous remerciant, j’estime qu’accepter votre sacrifice éventuel serait une faute de principe particulièrement grave en ce moment, où nous devons tenir toutes nos positions, si diminuées qu’elles soient et précisément parce qu’il n’y a plus à en perdre.

Votre départ serait une défaite française. Je vous demande de renoncer à envisager cette éventualité, quelque douloureuses que soient pour vous, après tant de travail et de dévouement à votre tâche, les constatations actuelles et les perspectives prochaines.

Ci-joint copie du télégramme que j’ai adressé au général haut-commissaire sur la question du Vali.

J. DUFIEUX.

Veuillez agréer, monsieur le directeur, l’assurance de mes remerciements anticipés et de ma considération distinguée.


BRÉMOND.