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Voici encore ce que le général Dufieux a écrit le 28 juillet 1920 :


Adana, le 20 juillet 1920.

Le colonel Brémond est arrivé en Cilicie à la fin de janvier 1919 et a pris immédiatement les fonctions d’administrateur en chef de la zone Nord.

Cet officier supérieur s’est mis à l’œuvre avec une foi entière dans les destinées de la « Cilicie, des vues larges, une puissance de travail et d’organisation remarquables, un sang-froid imperturbable et une ténacité que rien n’a rebutée. — Clairvoyant et prévoyant, il a dénoncé, dès le mois de mai 1919, le développement et le danger du mouvement kémaliste, et, depuis cette époque, il n’a cessé de renseigner sur les tendances, les prétentions, la campagne de presse des nationalistes.

Avec un très petit nombre de collaborateurs improvisés, jeunes officiers peu préparés à des fonctions administratives, le colonel Brémond a réalisé en quelques mois une œuvre économique digne d’admiration, donnant l’exemple du travail continu, du sang-froid sérieux et ingénieux dans les bagarres populaires, jamais découragé, jamais lassé par les déceptions que lui a apportées l’année 1920.

Ce qu’il a fait depuis janvier 1920 pour rétablir et maintenir une situation politique et économique sans cesse chancelante, et dont tous les étais sont successivement dérobés, est prodigieux. On peut dire que depuis le début de mai, Adana n’a vécu que par lui, par sa patience, sa ténacité à reprendre, pour les ajuster de nouveau, les morceaux d’un édifice qui s’écroulait presque tous les jours...

Le général commandant la 1re division du Levant.

DUFIEUX.


Pour tout lecteur de bonne foi, que restera-t-il des allégations de Testis après le témoignage du général Dufieux qui, lui, était sur place et me voyait de près ?

Venir dire que j’empêchais la politique de conciliation avec les Musulmans, alors que j’ai trente ans de vie musulmane, que j’ai dirigé avec plein succès deux pèlerinages (1916 et 1917) et que j’ai entretenu d’excellents rapports avec le Malik du Hedjaz et ses fils, c’est faire preuve d’une ignorance regrettable. Testis ignore également que j’ai créé des fetouahané (séminaires musulmans) à Adana et à Osmanié, ce que le Gouvernement Turc n’a jamais fait ; qu’à mon départ, toutes les écoles turques étaient réouvertes, réorganisées (Ecole normale des Filles à Adana, Lycée Sultanié à Adana, Ecole des Arts et Métiers à Adana, Ecoles maternelles et communales, toutes institutions turques). Ce sont pourtant là des faits indiscutables.

5° Testis dit : « Notre contrôle administratif élargi et le