Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 63.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

renards avec les petits chiens. La Rue nous parle aussi d’une battue dont le résultat paraît assez maigre : cinq lapins tués par Conti, deux par le chevalier d’Angoulême et quatre par Marège. Il est vrai que l’on est en été, et que le bois encore très couvert permet aux lapins de ne pas courir devant les rabatteurs. Un autre jour, le 21 août, Conti fait un grand massacre de cailles (son gibier favori), et le capitaine des chasses, enthousiasmé, note dans son rapport à Monsieur le Prince : « Il n’y a jamais eu d’homme qui ait si bien tiré. »


Cependant, Monsieur le Prince ne désespérait pas d’apaiser le mécontentement du Roi. Il avait cru réussir au mois de mai 1686. Louis XIV, cédant alors à ses instances, voulut bien ne pas exclure Conti de la nouvelle promotion de chevaliers du Saint-Esprit et lui conférer le cordon bleu, à Versailles, le 2 juin, jour de la Pentecôte, en même temps qu’au Duc de Chartres, au Duc de Bourbon et au Duc du Maine.

Malheureusement, il avait dit, assurait-on, qu’il donnait cette dignité u au rang du prince de Conti, et non à sa personne et qu’ils n’en seraient pas meilleurs amis pour cela. » Les courtisans répétaient ce fâcheux propos, et commentaient la longue audience que Monsieur le Prince avait obtenue du Roi.

Le jour de la Pentecôte, à onze heures du matin, ils virent le coupable revêtu du costume des novices, l’habit blanc « à l’antique, » le capot et la toque de velours noir chamarré de pierreries, sur la toque une masse de héron ; tandis que le cortège, formé dans l’appartement du Roi, se déroulait à travers le cabinet, la chambre, les antichambres, et, par le grand escalier et la cour, gagnait la chapelle entre des haies de gardes du corps et de suisses.

Après les bas officiers de l’ordre qui ouvraient la marche ; après le président de Mesmes, prévôt, le marquis de Seignelay, trésorier, et le marquis de Châteauneuf, secrétaire, tous trois de front ; après Louvois, chancelier ; après le Duc du Maine, il s’avançait à l’extrême-gauche du cortège, sur le même rang que Monsieur le Duc et le Duc de Bourbon. Derrière, venait le Duc de Chartres, habillé de blanc comme lui, comme le Duc de Bourbon et le Duc du Maine ; derrière le Duc de Chartres, les chevaliers profès ; à ayant seulement des habits à manteau ordinaire et le