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gravement, à cette même cousine : « Vous êtes heureuse de croire ; je cherche la lumière, et je ne la trouve pas. »

Entre le 27 et le 30 octobre, le lendemain de cette confidence, l’abbé Huvelin vit entrer dans son confessionnal, à Saint-Augustin, un jeune homme qui ne s’agenouilla pas, qui se pencha seulement, et dit :

— Monsieur l’abbé, je n’ai pas la foi ; je viens vous demander de m’instruire.

M. Huvelin le regarda :

— Mettez-vous à genoux, confessez-vous à Dieu : vous croirez.

— Mais je ne suis pas venu pour cela.

— Confessez-vous.

Celui qui voulait croire sentit que le pardon était, pour lui, la condition de la lumière. Il s’agenouilla, et confessa toute sa vie.

Quand il vit se relever le pénitent absous, l’abbé reprit :

— Vous êtes à jeun ?

— Oui.

— Allez communier !

Et Charles de Foucauld s’approcha aussitôt de la table sainte, et fit sa « seconde première communion. »

De sa conversion, il ne parla point. Ce fut à certains actes qu’on s’aperçut, et peu à peu, que le fond de l’âme était changé. La vie continua d’être laborieuse : la paix y était rentrée, et elle transparaît toujours : dans les yeux, dans le sourire, ou la voix, ou les mots. Les lettres, qui n’avaient pas cessé d’être affectueuses, deviennent reconnaissantes. Le nom de Dieu y est souvent prononcé. La vie se modèle, silencieusement, sur l’idéal retrouvé. Tout est profond, discret, simple dans ce renouvellement.

Bientôt, par exemple, Charles apprendra la naissance d’un neveu, qui sera son filleul ; il partira pour Dijon, passera quelques jours près de sa sœur et de son beau-frère, et, à peine de retour à Paris, leur adressera ce remerciement dicté par un cœur jeune ou rajeuni :

« Les séjours qu’on fait chez vous sont bien doux ; ils ne méritent qu’un reproche : c’est qu’on est entouré de tant de bonté et de tant d’affection qu’on se sent le cœur trop faible pour rendre autant qu’on a reçu, et on craint de n’aimer jamais assez, de n’admirer jamais assez, et de n’être jamais