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rendre plus grave la menace que cette armée rouge fait peser sur les voisins orientaux de la Russie, lorsque le Gouvernement soviétique vient d’être éclairé par les émeutes de Cronstadt sur l’instabilité de ses bases à l’intérieur et qu’il faut s’attendre à le voir chercher dans une recrudescence de sa propagande et de ses offensives extérieures les moyens de relever et de consolider son prestige.

Surveillance efficace de la Mer Baltique et de la Mer-Noire pour interdire toute contrebande de guerre au profit de la Russie.

En cas d’agression par les armées rouges des États voisins de la Russie (Pologne, Roumanie, Pays baltiques, Caucase...) » action solidaire des Puissances alliées pour soutenir ces Etats moralement et matériellement ; préparation de cette action pour qu’elle puisse s’exercer en temps voulu et avec efficacité [1]. Le concours des Puissances alliées leur donnerait le droit et le devoir de contrôler la préparation défensive des Etats secourus, tant au point de vue de l’organisation de leurs armées que des plans militaires de défense.

Leur sollicitude ira tout d’abord à la Pologne, pierre angulaire du Traité de Versailles dans l’Est de l’Europe, dont la victoire a l’an dernier sauvé l’Europe du danger qui la menaçait. Elles ne craindront pas, en la soutenant délibérément, de la faire trop forte, si elles savent à la fois lui donner fermement des conseils de modération et lui octroyer loyalement les garanties ou les droits que lui accorde le Traité, notamment en ce qui concerne Dantzig et la Haute-Silésie. Elles n’oublieront pas, en traitant ces questions, qu’au mois d’août dernier l’Allemagne, qui prétend aujourd’hui devoir conserver sa population armée pour se préserver du bolchévisme, se réjouissait ouvertement de chaque progrès des bolchévistes vers Varsovie, et elles se demanderont si l’Allemagne n’a pas intérêt à favoriser un état d’insécurité qui lui fournit un prétexte à des armements indûment maintenus.

La Roumanie est comme la Pologne en première ligne sur le front de combat. Elle a une armée de valeur. Il faut compléter ses moyens matériels et étayer ses efforts.

  1. Cette préparation comporte l’obligation de déterminer, sans retard, les moyens matériels à fournir, de répartir les charges entre les Puissances alliées, d’étudier les voies par où ce matériel devra être transporté, et d’assurer leur libre utilisation.