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« VALVÈDRE »

Au début de janvier 1861, avant de partir pour le Midi de la France, George Sand terminait Valvèdre.

« Valvèdre sera fini demain. O bonheur ! j’aurai l’esprit libre en voyage, je pourrai regarder le nez plus ou moins absurde de tous les voyageurs, et, en arrivant au bord de la mer, contempler les madrépores, les méduses et les huîtres de toute espèce que Michelet nous apprend à aimer comme nos sœurs !

« À propos de Michelet, M. Montégut a fait sur son livre un article aussi beau que le livre, ce qui n’est pas peu dire[1]. Et, à propos de Valvèdre, l’huître qui a fait ce coquillage, va le polir et le nettoyer aussitôt qu’elle aura pu trouver un rocher pour y établir son travail. »

Cependant, avant de terminer, une chose inquiète George : la législation protestante concernant le divorce en Pologne, Angleterre, États-Unis, duché de Posen… Le divorce est-il admis dans ces pays-là ? Elle voudrait lire, non pas une dissertation sur ce sujet, mais un résumé des lois sur le divorce. Les renseignements que F. Buloz lui envoie ne la satisfont pas : « Il faut absolument que je sache dans quel pays le divorce par consentement mutuel est permis. » Elle croyait jusqu’ici qu’il l’était par l’Église luthérienne en Pologne. Les renseignements reçus ne concordent pas avec ceux-ci. « Mon roman n’a pas de thèse à soutenir pour ou contre le divorce ; mais l’action a besoin du fait, » et vite ! il lui faut sa réponse ; que F. Buloz la lui envoie par Charles Poney à Toulon. Elle la trouvera chez lui ; et puis : « Valvèdre est fini, emballé ; c’est plus long que Villemer. Quel gribouillage ! C’est l’effet des paquets[2]. »

En février George s’installe à Tamaris ; elle habite une maisonnette charmante, dans un site admirable, à une lieue de Toulon, au bord de la mer. Elle se met au travail dès son arrivée, et, tout en révisant les épreuves de Valvèdre, elle fait, dans le pays qu’elle trouve « magnifique partout, » des courses pédestres, « qui ne sont pas minces. » Elle découvrira pendant ce temps la flore du Midi ; elle ne connaît que celle du Centre.

  1. Les Fantaisies d’histoire naturelle de M. Michelet, 1er février 1861 (Revue des Deux Mondes).
  2. Collection S, de Lovenjoul, 1er février 1861. F. 84, inédite.