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commencée… Je songeais à ce qui pourrait réaliser ce désir ; je pensais enfin, en relisant vos belles descriptions du Velay, à ce que vous pourriez écrire sur la Savoie, à mon projet favori de vous avoir un jour pour cela à Ronjoux. De tout cela, il résultait une sorte de combinaison en germe, mais que je ne possède pas encore assez pour vous la détailler.

« J’aime mieux vous dire ceci très simplement : j’ai une modeste aisance, acquise par plus de trente ans de travail ; la Revue est en pleine prospérité et j’en ai refusé 1 400 000 francs ; mais un recueil est toujours une chose aléatoire, je n’en ai pas d’ailleurs tout à fait la moitié ; et si j’ai refusé ces 1 400000 francs, c’est qu’ils me paraissaient venir d’une source qui ne me convenait pas. C’est que la Revue pouvait entrer dans une voie que j’aurais vivement regrettée. Je n’ai pas heureusement une grande âpreté de biens, ma position me suffit, et je puis abandonner quelque chose au hasard ; je laisserai toujours à mes enfants plus que je n’ai reçu de mon père ; ils travailleront d’ailleurs, comme le doit tout honnête homme.

« Ainsi la Revue peut bien faire quelque chose de plus pour vous et pour moi, en m’adoucissant un peu mon dur métier depuis trente ans.

« J’en viens à vous dire en toute cordialité : si je réussissais à vous faire assurer par la Revue pendant quatre ou cinq ans 12 ou 15 000 francs par an (payés mensuellement ou autrement à votre choix) en vous permettant de travailler moins peut-être, de travailler du moins à votre aise, cela vous irait-il ? La somme serait-elle suffisante pour vos besoins, en ajoutant à cela votre revenu et le produit de vos œuvres anciennes ?..

« Si la somme vous convient, que pourriez-vous offrir en échange à la Revue par an ? ou si ceci ne vous convenait pas, que me demanderiez-vous si, de mon côté, je vous demandais par an deux ou trois volumes pendant quatre ans ? Ne serait-ce pas vous demander trop de travail ?.. Je vous envoie, à peine en germe, le résultat de mes réflexions en Savoie. »

Je ne sais si cette proposition émeut George, si elle en éprouve de la reconnaissance pour F. Buloz. Sa réponse est une réponse d’affaires. Le chiffre proposé ne lui semble pas suffisant., On lui a fait d’autres offres qui seraient plus avantageuses ; d’ailleurs elle ne peut se passer de l’assentiment d’Aucante… Mais il lui faut 25 000 francs par an. « Voyez si c’est possible.