devaient être informés de ce qu’ils auraient à tenir et à évacuer. En même temps, les communications d’usage furent échangées entre Belgrade et Rome pour s’inviter les uns les autres dans toutes les formes, fixer le lieu et la date de la rencontre. Enfin, après beaucoup de précautions, sans doute nécessaires pour ménager, dans les deux pays, les partis contraires à la conciliation, le comte Sforza et M. Bonomi, ministre de la Guerre, se trouvèrent, le 8 novembre, en présence de M. Vesnitch, président du Conseil, de M. Trumbitch, ministre des Affaires étrangères, et de M. Stojanovitch, ministre des Finances, à Santa-Margherita-Ligure. Il avait été annoncé que M. Giolitti, premier plénipotentiaire italien, se rendrait à la Conférence quand le besoin s’en ferait sentir.
Le comte Sforza était résolu à ne pas laisser la discussion s’éterniser. Toutes les données du problème étaient plus que connues, rebattues. Toutes les cartes du jeu l’étaient aussi. Italiens et Serbes savaient que même M. Wilson s’était déclaré, en février 1920, prêt à souscrire à tout accord librement établi entre eux et qu’au surplus l’élection de M. Harding à la succession du Président en exercice ne laissait guère à la Yougo-slavie l’espoir d’un appui américain, si elle repoussait des conditions italiennes modérées et équitables. Serbes et Italiens savaient que la France et l’Angleterre éprouvaient un vif désir de voir clore le litige ; que le gouvernement français avait instamment conseillé la conciliation à Belgrade, ce qu’il pouvait faire en se prévalant d’une amitié cimentée par une glorieuse confraternité d’armes et d’une assistance prêtée fidèlement à la vaillante nation yougo-slave, aussi bien pendant les héroïques épreuves de la guerre qu’autour des tables de la Conférence de la Paix.
Il s’agissait donc moins de discuter que de constater si l’on était disposé à en finir.
Aussi la conférence fut-elle rapide. Saisis des propositions italiennes, les négociateurs yougo-slaves manifestèrent d’abord une hésitation à les accepter, qui fit craindre une rupture. Mais ils avaient trop de bon sens pour renouveler la faute de janvier 1920 ; et il se résolurent à souscrire à l’essentiel de ce qui leur était soumis. Ramassée en quelques jours, la négociation aboutit, le 12 novembre, à un traité que M. Giolitti vint signer et qui règle enfin, par un accord direct entre les intéressés, la question