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FRANÇOIS BULOZ ET SES AMIS
AU TEMPS DU SECOND EMPIRE

II[1]
GEORGE SAND DE 1859 A 1863


RONJOUX

En 1858, F. Buloz avait acquis de M. Delapalme une propriété située en Savoie, non loin de Chambéry : il comptait y passer ses vacances, — ses vacances I mots problématiques.

Depuis quelque temps déjà, les fréquents voyages qu’il faisait pour la santé de son fils Louis, dans son pays d’origine, lui avaient donné le goût de la campagne. La Savoie, pays admirable, le reprit tout entier. Il acheta donc cette terre de Ronjoux, qu’il aima bientôt à l’égal de sa Revue. Entre les deux numéros du mois, il s’y rendait, emportant manuscrits à lire ou épreuves à corriger ; ainsi il trouvait quelque repos, et respirait largement l’air enivrant de ces contrées.

Ronjoux domine la large vallée de Chambéry à Aix-les-Bains ; la vue de sa terrasse est incomparable. On la gagne par une montée fort raide et malaisée, mais le voyageur qui s’y risque ne regrette ni son chemin ni sa peine. F. Buloz aima passionnément sa maison savoyarde, ses prés verts arrosés de ruisseaux, et les grands châtaigniers perchés sur les montagnes avoisinantes ; comme il avait veillé naguère jalousement sur sa Revue, sa prospérité, son extension, il désira accroître sa petite terre, acquit laborieusement un bout de champ, quelques

  1. Voyez la Revue du 1er février.