« des nouveautés, c’est-à-dire des dogmes promulgués sans antécédents, » mais « des développements, c’est-à-dire des éclaircissements et des décisions sur des points d’abord incertains, ou que l’on n’avait pas étudiés, » et que sans doute « le pape Anaclet n’avait pas été, dans l’opinion générale et dans la sienne, le même personnage que Léon X ou Benoit XIV, » mais que la puissance pontificale avait été « établie par Jésus-Christ lui-même, » et qu’elle « fut toujours la même : César, au berceau, n’était-il pas, par hasard, le même qui vainquit à Pharsale ? [1] »
Maistre aimait ces comparaisons, qui assimilaient la croissance de l’Église à la croissance même de l’être humain. Les croyances de la primitive Église, exprimées ou implicites, lui apparaissaient comme le germe d’où sortiraient plus tard, au gré des besoins des âmes et sous les assauts de l’hérésie, les formules dogmatiques. Et voilà que se dessinait une nouvelle ressemblance entre les phénomènes de la société religieuse et les phénomènes de la société politique : Maistre n’avait-il pas indiqué, dès 1793, dans son Étude sur la souveraineté, que les dogmes écrits et les constitutions écrites succédaient à des périodes où ni les âmes pour croire ni les sociétés pour vivre n’avaient eu besoin que leur croyance fût « déclarée » ou leurs lois fondamentales rédigées ? Et pour établir qu’à mesure qu’une institution est parfaite, elle écrit moins, n’avait-il pas, en 1809, dans son Essai sur le principe générateur, allégué que le Christ n’avait pas laissé un seul écrit à ses apôtres, et que, si jamais la foi chrétienne n’avait été attaquée, jamais elle n’aurait écrit pour fixer le dogme ? Derechef, dès le début du livre du Pape, il expliquait comment l’hérésie provoquait au cours des siècles la rédaction de la formule d’orthodoxie, et comment « il faut bien se garder de prendre le commencement d’une erreur pour le commencement d’un dogme [2]. »
Le catholicisme, tel que le présentait Maistre, n’avait pas l’aspect d’un absolutisme imposant aux passivités humaines un joug tout extérieur, forgé une fois pour toutes. Les formules dogmatiques résultaient d’un mouvement de défensive
- ↑ Amica collatio, p. 15-16 — Cf. Œuvres, ! , p. 260 : « Cherchez-vous donc, dans un enfant au maillot, les véritables dimensions de l’homme fait ? C’est une pitié de voir d’excellents esprits se tuer à vouloir prouver par l’enfance que la virilité est un abus.
- ↑ Œuvres, I, p. 374 ; I, p. 249-252 et 257-258 ; II, p. 11.