Jeudi, 14 janvier 1915.
C’est aujourd’hui que s’ouvre l’année 1915, selon le calendrier orthodoxe. A deux heures, sous un soleil pâle et un ciel gris-perle qui projettent çà et là sur la neige des reflets de vif-argent, le corps diplomatique se rend à Tsarskoïé-Sélo pour offrir ses vœux à l’Empereur.
On a déployé, comme d’habitude, la pompe des grandes cérémonies, une richesse de décor, un appareil de puissance et de faste où la Cour de Russie n’a pas d’égale.
Les voitures s’arrêtent au perron de l’immense palais que fit construire l’impératrice Élisabeth, jalouse d’éclipser la Cour de Louis XV. Nous sommes introduits dans la Galerie des glaces, étincelante de dorures, de cristaux, de luminaire. Les missions se rangent par ordre d’ancienneté, chaque ambassadeur ou ministre ayant son personnel derrière soi.
Presque aussitôt, l’Empereur entre, suivi de son brillant cortège. Il a bonne mine, le regard ouvert et calme.
Devant chaque mission, il s’arrête quelques minutes.
Lorsqu’il arrive à moi, je lui présente mes souhaits, en les commentant par les assurances réconfortantes que le général