salon d’Apollon, les tableaux du Dominiquin, de Rubens, de Titien, de Carrache, de Véronèse, de Van Dyck, qui ajoutaient en ce temps-là aux splendeurs des plafonds peints, étincelaient de lumières. La cour s’y divertissait, et, comme le respect faisait que personne ne haussait la voix, « le bruit qu’on entendait n’était point incommode. »
Parfois, les chants des musiciens s’élevaient dans l’un des salons, et l’on pouvait danser au son du violon ou du hautbois. Un peu plus loin, la Reine était fort occupée au reversis. Dans un autre salon, des tables recouvertes de tapis magnifiques attendaient ; et, tandis que Madame la Dauphine jouait de son côté avec des dames. Monseigneur du sien, Monsieur et Madame du leur, « chacun y jouait au jeu qui lui plaisait le plus, et l’on y était servi par un grand nombre de domestiques » en justaucorps bleus galonnés d’or et d’argent, « qui ne songeaient pas à autre chose, nous explique complaisamment le marquis de Sourches, qu’à prévenir l’intention des joueurs. » Le troisième salon, où se trouvait un billard, était fort apprécié du Roi et de maint seigneur de la cour. Le deuxième, qui offrait aux regards une table chargée d’une somptueuse collation de fruits, de pâtes et de confitures, et le premier dont les trois buffets portaient du café, du thé, du chocolat, du vin, des liqueurs, des sorbets et des « eaux de toutes sortes de fruits, » n’avaient pas moins d’attraits. Une liberté charmante remplaçait partout la cérémonie. Le Roi ne voulait pas qu’on se levât des tables de jeu à son approche. Suivi seulement de son capitaine des gardes, il se promenait, parmi ses invités, avec la bonne grâce d’un maître de maison parfait.
Tout cela qui enchantait un Sourches ou un Dangeau, qui à distance, avec la lointaine perspective des siècles, peut sembler très agréable, pas plus que l’opéra ou le bal de notre temps, ne plaisait à tout le monde. La seconde femme de Monsieur, l’Allemande, Madame, nous a dit brutalement son avis : « L’appartement est une chose bien insupportable. On va au billard et l’on se met sur le ventre, sans que personne dise un mot à l’autre ; l’on reste ainsi accroupi, jusqu’à ce que le Roi ait joué une partie. Alors tout le monde se lève et l’on va à la musique là, on chante un acte de vieil opéra qu’on a entendu cent fois. Ensuite, nous allons au bal qui dure de huit à dix heures ; ceux qui comme moi ne dansent pas restent là, les deux