Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 62.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
REVUE DES DEUX MONDES.

La production des céréales, qui atteignait, en 1914, 150 000 tonnes, doit pouvoir être portée à 1 800 000 tonnes, comprenant du blé, de l’orge, du maïs, et dont 1 400 000 tonnes resteront disponibles pour l’exportation. Il est inutile de signaler quelle peut être l’importance d’une telle ressource pour le marché français.

Enfin, la valeur du cheptel cilicien n’est pas plus négligeable que celle des forêts, qui couvrent plus de 200 000 hectares et peuvent donner lieu à une importante exploitation.

Le traitement des bois, comme celui du coton, justifiera le développement d’usines locales. Tout n’est d’ailleurs pas à créer de ce côté ; une industrie déjà née compte aujourd’hui quatorze usines d’égrenage pour le coton, des filatures à Adana et à Tarsous, et vingt-trois minoteries, pour l’ensemble du pays. Des scieries mécaniques occupent déjà 8 000 ouvriers.

Ainsi, la Cilicie, dont la population est actuellement estimée à 440 000 habitants, est appelée à un fort bel avenir. Sa capacité productive est des plus favorables à l’ouverture du pays à notre commerce.

En ce qui concerne ce dernier, les conditions sont analogues à celles qui ont déjà été notées à propos de la Syrie. Elles comportent : des prix élevés en raison de l’insuffisance des arrivages, des stocks inexistants, des besoins de toutes sortes ; un ravitaillement qui pourrait être directement effectué par la France, en concurrençant les marchés de Constantinople, de Smyrne et d’Alexandrie ; la présence, en Cilicie, de produits d’exportation dont la production doit être augmentée : céréales, coton, laines.

Jusqu’ici, le commerce français n’occupe là qu’une place insignifiante, en dépit de la demande de nos produits. On trouve surtout des cotonnades anglaises, italiennes et espagnoles, des lainages anglais, des articles de quincaillerie allemande, arrivés directement par Trieste et Rotterdam. Le Haut-Commissariat du Levant se préoccupe de mettre l’industrie et le commerce français en mesure de répondre aux demandes qui lui viendront de Cilicie. Il poursuit la création d’organes de renseignements pouvant fixer sur les besoins du marché cilicien et assurer le règlement de toutes les questions d’exportation, de transport, de modes de paiement, de droits de douane. Les approximations faites jusqu’ici permettent de consi-