L’assistance aux Arméniens, réunis en grande colonie dans la région, prit elle aussi une importance capitale. Elle s’exerça sous les formes les plus touchantes de la charité française. Pour recevoir les orphelins arméniens du Nord, il fut créé des refuges qui abritèrent, à Adana, 800 orphelins, à Deurtyol 240. Trois mille autres environ furent placés dans des familles, qui reçurent de nous une indemnité d’entretien. Enfin, des ouvroirs et des ateliers d’apprentissage furent créés pour les femmes et les enfants.
Tandis que ces réalisations étaient acquises, nos techniciens poursuivaient leurs études, en vue de déterminer si le pays était vraiment digne de sa réputation et quel pouvait être son véritable avenir agricole et commercial. Leurs conclusions méritent d’être retenues ; elles sont des plus favorables.
La richesse agricole de la Cilicie a fait l’admiration de tous ceux qui ont parcouru ce pays de delta, dont la fertilité est légendaire. Les ingénieurs agronomes qui l’ont étudié ont conclu que les deux tiers des terres étaient cultivables. On peut considérer ce pays comme devant devenir un des plus riches du globe.
La Cilicie, bien arrosée, possédant des pluies abondantes et une température d’été correspondant à celle de l’Égypte, peut recevoir toutes les cultures de la rive méridionale de la Méditerranée. Les terres cultivables sont estimées à 2 600 000 hectares, dont 300 000 hectares seulement ont été ensemencés en 1919. La situation troublée du pays au cours de l’année n’a pas permis son exploitation normale. Une partie des récoltes a d’ailleurs été perdue.
La possibilité de développer en Cilicie de grandes exploitations de coton avait déjà attiré, avant la guerre, l’attention de toutes les Puissances européennes, et particulièrement celle de l’Allemagne, qui soutenait énergiquement les entreprises de la Deutsche Levantische Baumwolle Gesellschaft. L’exploitation du coton, qui est la richesse de l’avenir, a donné, en 1914, 135 000 balles, représentant 27 000 tonnes. Il est d’un intérêt capital de noter que, d’après l’avis de M. Achard, le spécialiste le plus autorisé qui ait officiellement étudié la région, la production de la Cilicie seule doit pouvoir assurer, dans l’avenir, le poids de coton nécessaire à l’industrie textile française tout entière, exception faite pour celle de l’Alsace.